J'ai évoqué à titre d'exemple l'une des actions organisées dans ma commune : le service civique jeunes municipal – je n'ai pas attendu l'instauration du service civique national. Les jeunes gens concernés reçoivent une formation citoyenne et participent au dispositif pendant plusieurs mois. Nous avons lancé d'autres actions, notamment un parcours citoyen dans le cadre des collèges et des lycées. Ces actions de longue durée nécessitent différents partenariats ; elles relèvent de l'éducation civique, mais aussi de la prévention sociale de niveau primaire. Nous formons également à la laïcité, au respect mutuel et à la lutte contre les discriminations.
S'agissant de la radicalisation proprement dite, jusqu'à l'affaire Harpon, je n'ai eu aucune information ou indication concernant cet individu ou d'autres. Comme je l'ai dit précédemment, la réponse à mes interrogations était toujours la même : « Non, monsieur le maire, vous n'avez pas de fiché S dans votre commune. » La notion de fiché S, nous le savons, demeure très imprécise et globale, dans la mesure où il existe différents types de fichés S. Je pense que la réponse des services de l'État reflétait la réalité, et je ne les mets aucunement en cause : il n'est pas question de signaler des fichés S lorsqu'il n'y en a pas. En ce sens, la réponse qui m'était donnée était très rassurante. De plus, nous savons que certains individus sont passés à l'acte sans avoir été préalablement fichés S. Il ne s'agit pas d'un indicateur totalement fiable.
La circulaire doit être réellement appliquée. Je ne suis pas sûr qu'il faille le faire dans le cadre du CLSPD, comme celle-ci l'indique ; on peut prévoir d'autres formes, mieux adaptées aux différents territoires. Je ne pense pas que le CLSPD soit la meilleure solution, étant donné qu'il entretient la confusion entre délinquance et radicalisation. Or, si des intersections existent entre les deux, elles ne sont pas toujours avérées. Un livre blanc consacré à la sécurité intérieure est en cours d'élaboration ; une loi d'orientation et de programmation relative au continuum de sécurité sera présentée l'année prochaine. Je pense qu'il faut légiférer, afin d'assurer un certain continuum dans la prévention de la radicalisation entre l'État et les élus.
La police étant insuffisamment présente dans nos quartiers – dans sa dimension dissuasive et non répressive –, alors même qu'elle pourrait fournir de petits renseignements, ce sont en réalité les services de la ville qui sont les plus présents sur le terrain. Les services de l'État doivent collaborer sincèrement avec les élus, afin d'élaborer, grâce à des concertations préalables, un travail commun, qui sera ensuite appliqué sur le terrain. Une telle coproduction reste à définir et à appliquer.
Concernant les fichés S, je rappelle que l'imam Hilali, qui est toujours fiché, n'habite pas ma commune, mais une commune voisine. Telle est probablement la raison pour laquelle je n'ai pas été informé de son fichage, alors que les services locaux de l'État en avaient connaissance. J'aurais pu en être informé, mais cela n'a pas été le cas.