C'est en effet avec la DGSE que les recoupements pourraient être les plus évidents puisque nous travaillons essentiellement hors du territoire. Néanmoins, la DRM fait du renseignement d'intérêt militaire : tel est le bornage de sa mission. Il est aussi vrai que, dans le cadre de ses actions de recherche, la DGSE peut recueillir des renseignements qui peuvent nous intéresser, et inversement.
Puisque vous évoquez les techniques de renseignement, on distingue quatre grands domaines : le renseignement d'origine humaine, le renseignement d'origine électromagnétique – ce qui relève de l'interception, quels que soient les médias utilisés –, le renseignement à partir d'images et, nouveau venu, le renseignement d'origine cyber – tout ce que l'on peut trouver à partir du cyberespace, avec des outils évidemment plus pointus que les moteurs de recherche que nous connaissons tous.
La DRM et la DGSE, sans exclusive, utilisent un certain nombre de techniques recouvrant l'ensemble de ces quatre domaines. Ce sont autant de moyens pour parvenir à des fins qui, parfois, diffèrent, même si les techniques ou les modes opératoires peuvent donc être identiques.
Une grande coordination est nécessaire entre les deux services. Lorsque nous sommes amenés à traiter des sources humaines de renseignement, une déconfliction s'impose avec la DGSE pour nous assurer que nous ne traitons pas les mêmes sources ou que nous ne nous faisons pas manipuler par une source. Pour ce faire, je dispose du CI3RH, le Centre interarmées de recherche et de recueil du renseignement humain, qui centralise toutes les sources traitées par mes services sur le terrain et qui, par exemple, coordonne la déconfliction de la gestion de ces sources avec la DGSE.
Nous avons désigné un leader pour tous ces domaines. S'agissant des écoutes des communications, c'est la DGSE : tout ce que nous faisons lui sera rapporté à des fins de déconfliction et de coordination. S'agissant de l'image, c'est la DRM qui est « senior IMINT » – Imagery Intelligence -, qui est leader.