Intervention de Jean-François Ferlet

Réunion du jeudi 30 janvier 2020 à 11h10
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Jean-François Ferlet, directeur du renseignement militaire (DRM) :

Non, ce n'est pas systématique, et quand il s'agit de détecter les signaux faibles, nous touchons aux limites du système : il n'est pas toujours évident de déterminer où se situe la ligne rouge entre la pratique « normale » de la religion, qui est acceptable, et une pratique excessive pouvant constituer un signe de radicalisation et entraînant des risques ou des vulnérabilités avérés.

Nous avons cependant un dispositif qui nous permet de détecter les signaux faibles, et je peux vous donner un exemple de son fonctionnement. En juin 2019, donc un peu avant l'attaque de la préfecture de police, l'une de mes agentes de confession musulmane, travaillant dans un service assez sensible intégré au centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), a fait une demande visant à l'installation d'une salle de prière au sein même du centre, ce qui était un peu surprenant. Je précise que, si on ne construit pas une mosquée dans chaque régiment et chaque base aérienne, les règles en usage dans les armées prévoient cependant que tout agent puisse se rendre dans ce qu'on appelle un lieu de culte œcuménique, c'est-à-dire une sorte de salle de prière où chacun peut aller se recueillir au calme et pratiquer le culte de son choix, sereinement mais sans prosélytisme.

Tant que les limites définies sont respectées, l'exercice d'un culte, notamment celui de la religion musulmane, est toléré sur les lieux de travail. En revanche, tout comportement paraissant anormal fait systématiquement l'objet d'un rapport à la DRSD. Je rappelle en effet que je ne suis pas chargé d'enquêter moi-même, mais simplement de détecter et de faire remonter les cas qui semblent poser problème. C'est la DRSD qui, au vu des éléments qui lui sont communiqués, jugera s'il est nécessaire ou non de creuser davantage, notamment en examinant l'environnement numérique de la personne concernée, souvent riche d'informations complémentaires sur le degré de radicalisation, ne serait-ce qu'en révélant les sites consultés.

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