J'ai participé au traitement de plusieurs cas dont nous avons eu à connaître en conseil de discipline ; certains étaient graves. Nous avons appris que des collègues détenaient des vidéos de propagande de Daesh montrant des décapitations, qu'ils tenaient des propos antirépublicains et qu'ils envoyaient des sms gravissimes. Le cas de ces personnes n'a pas fait débat ; ils ont été exclus de la police nationale.
D'autres cas sont très tendancieux. Quand, par exemple, seuls des signaux faibles sont détectés, tels que le port d'un habit traditionnel, le refus de serrer la main d'une femme – même si le policier auquel je pense en particulier acceptait de travailler avec une femme –, ou l'absence de condamnation de l'attentat de Charlie Hebdo. Ce jour-là tous les membres du conseil de discipline ont fait le constat que ce collègue était en voie de radicalisation et il a été révoqué. Mais il a mené une procédure devant le tribunal administratif et a été réintégré.
Enfin, certains collègues ont des idées politiques fortes. Je pense à l'un d'eux qui a des idées pro-palestiniennes et une sympathie pour certains leaders anti-israéliens, qu'ils soient politiques ou humoristes. Que devons-nous faire face à ce type de cas ?
Le service national des enquêtes administratives de sécurité (SNEAS) devient-il compétent pour reprendre la main ? Car si nous pouvons traiter un tel cas en conseil de discipline, celui-ci mérite-t-il une révocation ? Je ne sais pas. Je n'ai pas été formé pour prendre une telle décision, il m'a simplement été donné une liste de signaux de radicalisation qui m'aide à me faire mon propre jugement.