Intervention de Emmanuel Baudin

Réunion du mercredi 19 février 2020 à 15h35
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat national pénitentiaire-FO Personnels de surveillance :

Elle est désormais incarcérée. Je la connais bien puisqu'elle a été trésorière de mon syndicat lorsque j'étais à Argentan.

Je vous confirme que ce sont bien 30 personnes de l'administration pénitentiaire qui sont radicalisées.

Si M. Bredin indique que 900 détenus sont radicalisés, vous n'avez qu'à multiplier ce chiffre par trois et vous obtiendrez le chiffre réel.

Je rejoins les propos de M. Nicolas s'agissant du recrutement : il est catastrophique. On a même le cas de gens qui ont été licenciés en conseil de discipline, qui ont repassé le concours et qui sont de nouveau surveillants. On ne vérifie rien. Le fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV) n'est pas consulté. Vous dites que l'administration pénitentiaire indique qu'elle a passé tout le monde au crible : je n'y crois pas une seconde, car elle reconnaît elle-même ne pas consulter ce fichier alors qu'elle y a accès. Pour certains agents qui passent en conseil de discipline, c'est nous qui apportons les informations : l'autre jour, on a eu le cas de quelqu'un qui avait trente-deux affaires à son casier ; l'administration pénitentiaire n'était même pas au courant ! Les fichiers ne sont pas consultés parce qu'il n'y a plus assez de personnel dans les prisons, ni dans les bureaux du Millénaire, ce beau bâtiment intelligent, et plus personne ne contrôle rien.

Tout le monde se réjouit de la baisse du chômage mais ce n'est pas une bonne nouvelle l'administration pénitentiaire, qui aura encore plus de mal à recruter. De source sûre, je sais que le schéma d'emploi n'est pas réalisé. Nous sommes présents à l'École nationale d'administration pénitentiaire (ENAP), et je peux vous dire qu'à Paris, sur 1 200 candidats inscrits, 300 seulement sont venus passer l'examen. La profession n'attire pas, les conditions de travail non plus. Il y a quelques jours, j'ai rencontré une personne au ministère qui nous a expliqué que l'objectif était que demain les retraites soient les mêmes dans le public et dans le privé. Si nous perdons nos avantages comparatifs dans ce domaine, il n'y aura plus du tout de surveillants dans les prisons. Je rappelle que l'espérance de vie dans notre profession est de 62 ans et qu'un surveillant touche le SMIC en début de carrière.

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