Je tiens à nuancer vos propos car, dans le cadre de la formation initiale, tout corps de l'administration pénitentiaire reçoit, au sein de l'ENAP, une formation sur le phénomène de radicalisation. La formation pour les personnels surveillants est d'une durée totale de neuf heures et se divise en trois modules : un module sur les processus et les signes de radicalisation, un module sur les modes de prise en charge et un module de travaux dirigés pour travailler sur le repérage et les grilles d'évaluation des détenus mises en place. Les signes de radicalisation sont les mêmes que la personne concernée soit un surveillant ou un détenu.
Le renseignement s'est très largement développé depuis 2015 au sein de l'administration pénitentiaire et début février vient d'être ouvert à l'ENAP un bureau de formation au renseignement. On peut donc penser qu'à court ou moyen terme des formations à destination des personnels de surveillance seront dispensées pour les sensibiliser aux risques et à la détection des signes. Il existe donc bien une formation, même si elle reste insuffisante et difficile à compléter une fois que vous êtes en poste, cela pour tout corps de l'administration.
Vous avez demandé si la procédure de signalement était structurée. Une note du 17 octobre 2019 de M. Bredin fait état de la mise en place d'une procédure de remontée par signalement. Le collègue évoquait la création d'une fiche. Effectivement, après l'attentat du 3 octobre, l'administration a instauré un processus de remontée de l'information. Pour les personnels de surveillance, il est difficile de dénoncer un collègue. Mais comme nous sommes dans un métier de sécurité, je pense que les collègues ont bien conscience de la réalité du risque. Il ressort des collègues référents de la cellule interrégionale du renseignement pénitentiaire (CIRP) que, depuis la mise en place de la procédure du 17 octobre, le nombre de signalements a augmenté.
Aujourd'hui, il existe donc clairement une procédure identifiée par les chefs d'établissement et leurs adjoints. Par ailleurs, au sein des établissements pénitentiaires, les délégués du renseignement sont très clairement identifiés par les collègues, même si ces délégués ont normalement été désignés pour suivre les personnes détenues. Nous commençons donc à nous organiser, même si nous n'avons encore que quatre-vingt-six référents pour tous les établissements pénitentiaires, c'est-à-dire que tous n'en ont pas. Le recrutement continue, mais il reste insuffisant. Par ailleurs, des fiches de signalement sont remontées à la CIRP puis transmises directement à la direction de l'administration pénitentiaire.