Alors que nous manquons déjà d'outils pour détecter la radicalisation chez les détenus, il paraît difficile de nous imaginer détecter des collègues en voie de radicalisation, sachant qu'un surveillant pénitentiaire ne bénéficie plus désormais que de six mois de formation et qu'à l'ENAP la question de la radicalisation des personnels est abordée en toute fin de formation, lors d'une intervention de quelques minutes en amphithéâtre.
Un personnel de surveillance qui travaille en détention n'est pas armé. Pour sa défense, il ne peut compter que sur lui-même et sur ses collègues. Dans ces conditions, il est difficile pour lui de jeter l'opprobre sur quelqu'un à qui il doit par ailleurs faire confiance pour protéger sa vie en cas de problème. Ce n'est pas une question de délation : aucun d'entre nous n'aura de scrupules à dénoncer un agent qui trafique ou dont on est sûr qu'il appartient à telle ou telle mouvance – car on parle de la mouvance islamiste, mais il y en a bien d'autres. En cas de doute, c'est une autre histoire car, dès lors qu'on a été stigmatisé, on le reste tout au long de sa carrière, et il existe chez nous un puissant esprit de corps.