J'ai dit l'autre jour à la ministre qu'il fallait en finir avec l'angélisme et accepter le fait que certaines personnes soient perdues pour la société. Il n'y a qu'à prendre le cas de Aït Ali Belkacem, que j'ai eu à gérer, et qui radicalisait ou convertissait tous ceux qu'il pouvait. Ce garçon s'est promené pendant des années comme il le voulait dans les quartiers de détention, que ce soit à Saint-Maur ou à Condé-sur-Sarthe, où, par angélisme, on l'a laissé faire du prosélytisme. D'où mon idée d'instaurer une classification des établissements, qui était l'une de nos revendications en 2018 mais pour laquelle nous n'avons pas obtenu gain de cause.
Moi, le désengagement, je ne sais pas ce que c'est. On a investi des fortunes dans cette idée, pour finalement comprendre qu'on s'était fait avoir. J'espère sincèrement qu'on peut sortir de la radicalisation, mais, avant d'en être sûr, il faut éviter la contamination.
Quant à ceux qui sortent, en effet, c'est ce que la loi prévoit. L'auteur de l'attaque de Condé-sur-Sarthe est sorti, on lui a trouvé un juge chargé de le contrôler, mais c'est en effet une bombe à retardement. Sur ce point, c'est vous, les législateurs !
Ensuite, même dans l'hypothèse d'une classification des établissements, il ne s'agit pas d'enfermer les gens dans des blockhaus car, si on les maintient en prison, nous aurons à les gérer et à faire en sorte, justement, qu'ils ne deviennent pas des bombes à retardement. On sait aujourd'hui que plusieurs auteurs d'attentat ont connu en prison Aït Ali Belkacem… Il faut donc isoler ces individus des autres, pour éviter la propagation de leurs idées.