Intervention de Wilfried Fonck

Réunion du mercredi 19 février 2020 à 15h35
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Wilfried Fonck, secrétaire national de l'Union fédérale autonome pénitentiaire :

Mon collègue vient de faire référence à l'attentat d'Osny. Il s'agit d'un véritable scandale administratif, puisque l'administration pénitentiaire était parfaitement au courant qu'un avis négatif avait été émis sur l'affectation de cet individu à Osny.

Pour revenir ensuite sur la prise en charge des détenus terroristes, ils sont aujourd'hui un peu plus de 580, pour moins de 350 places dans les quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER) ou les quartiers de prise en charge de la radicalisation (QPR). Il y a donc moins de places que de détenus. Or la ministre de la Justice affirme qu'elle est prête à recevoir les djihadistes de retour de Syrie : nous lui répondons, nous, que nous ne le sommes pas.

Enfin, avec le programme de désengagement de la violence – ainsi qu'on a rebaptisé le programme de déradicalisation pour paraître moins prétentieux –, l'objectif de l'administration pénitentiaire est, en réalité, moins la déradicalisation que la remise en détention ordinaire de détenus qui en avaient été extraits pendant un certain temps.

Cela étant, on n'a aucune certitude que ce genre de programmes fonctionne, d'autant moins que, selon les spécialistes, si on ne coupe pas un individu radicalisé – et, a fortiori, un terroriste – de sa base pendant au moins deux ans, aucun programme ne sera efficace, sachant par ailleurs qu'à la suite du programme, une prise en charge de dix à douze ans est nécessaire.

On est donc loin du compte avec ce qui n'est que de l'affichage politique, improvisé à la va-vite en 2015, après les attentats de Charlie Hebdo, à une époque où la directrice de l'administration pénitentiaire et la ministre de la Justice étaient plus proches de la mouvance anticarcérale que de ceux qui militent pour une administration pénitentiaire digne de ce nom. C'est également l'époque où a été totalement dévoyée l'expérimentation originale tentée à Fresnes et qui consistait à couper ces détenus du reste de la population pénale pour éviter la diffusion de leur idéologie. C'était sans doute une solution très minimaliste mais à laquelle on aurait pu s'en tenir, avant de s'engager dans des réponses extravagantes, dont le résultat ne peut que laisser sceptique.

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