Intervention de Emmanuel Baudin

Réunion du mercredi 19 février 2020 à 15h35
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat national pénitentiaire-FO Personnels de surveillance :

Non. Par ailleurs, il faut savoir qu'en maison centrale, toutes les portes sont ouvertes. C'est pourquoi nous préconisons, en lieu et place de l'actuelle classification, d'adapter les conditions de détention en fonction du profil des détenus, avec des établissements plus ou moins sécuritaires, et des agents plus ou moins formés à la sécurité ou à la réinsertion ; tout le monde – agents comme détenus – y trouvera son compte. Cela avait été envisagé il y a quatre ou cinq ans pour les maisons centrales, mais cela ne s'est jamais concrétisé, et c'est à l'ensemble du parc que cette organisation devrait s'appliquer.

Aujourd'hui, les QPR coûtent un argent fou et créent surtout des complications dans l'organisation, car multiplier le nombre de quartiers dans un établissement devient ingérable pour les chefs d'établissement, notamment à cause des tensions que cela engendre entre agents : pour attirer du personnel, on va en effet proposer aux recrues un service où ils seront quatre ou cinq pour gérer autant de détenus, tandis que leur collègue d'à côté en aura cent cinquante… Cela n'a aucun sens, ça coûte de l'argent et c'est inefficace. Il faut donc souhaiter qu'on finisse par entendre ceux qui travaillent sur le terrain, sur les coursives, au lieu d'inventer des réponses faites pour rassurer les Français.

On prend le problème à l'envers. Des places, il en existe : on va fermer la maison centrale de Clairvaux, alors que c'est un établissement isolé, avec des places libres. À côté de ça, tous les projets de constructions nouvelles sont repoussés aux calendes grecques, l'argument immédiat étant, à l'approche des élections municipales, que les maires ne veulent pas de prison chez eux. Je rêverais que, demain, il y ait moins de prisons dans notre pays, cela signifierait que notre société se porte mieux, mais, en attendant, il faut prendre les problèmes à bras-le-corps, au lieu d'accumuler les mesurettes qui ne servent à rien.

Nous demandons, par exemple, à ce que le métier de surveillant soit repensé et adapté à la population pénale d'aujourd'hui. Concrètement, cela veut dire équiper les agents en poste dans les quartiers où sont incarcérés des détenus violents et dangereux de pistolets à impulsion électrique (PIE). Je suis convaincu que cela retiendrait 99 % des détenus de passer à l'acte, parce qu'ils savent ce qu'est un PIE. Autre exemple qui fonctionne : à Condé-sur-Sarthe, les surveillants ont été équipés de caméras-piétons pour faire baisser la tension. Nous demandons également des gazeuses CAP-STUN pour se défendre, lorsqu'il faut maîtriser un détenu – combien de prises d'otages seraient évitées, si les surveillants étaient équipés de CAP-STUN ? Ce sont des propositions simples, qui ne coûtent pas grand-chose et pourraient améliorer la situation, sachant que l'objectif de ces équipements est de dissuader les détenus de commettre des agressions. Encore faut-il accepter d'évoluer.

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