Intervention de Emmanuel Baudin

Réunion du mercredi 19 février 2020 à 15h35
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat national pénitentiaire-FO Personnels de surveillance :

Sur ce dernier point, n'allons pas jusqu'à la caricature. Il faut savoir que, pour se protéger, certains jouent le jeu de la radicalisation. Ils jaugent la puissance des clans et s'y rallient pour qu'on les laisse tranquilles, mais ce n'est pas pour cela qu'ils sortiront de prison islamistes. Ceux qui se radicalisent réellement, ce sont les plus faibles, ceux qui n'ont pas de famille et qui n'ont pas les moyens de cantiner ; car c'est aussi en leur fournissant à manger que les islamistes peuvent attirer des détenus.

Quant aux téléphones portables, des systèmes de brouillage était censés être déployés. On en a installé un à la Santé, mais tous les détenus sont passés chez SFR, car ils se sont aperçus que le brouillage ne fonctionnait pas avec cet opérateur… Dans la prison de Lutterbach, qui va sortir de terre, des brouilleurs étaient prévus, mais ils ont été supprimés, sans qu'on sache pourquoi.

Ensuite, le problème est la manière dont ces téléphones entrent en prison. Il y a d'abord, massivement, les projections. Or la seule manière d'éviter les projections c'est d'avoir des agents qui font le tour des établissements, mais la mise en place d'équipes locales de sécurité pénitentiaire (ELSP) prévue pour assurer le périmètre de sécurité autour des établissements se heurte toujours au manque de personnel.

En second lieu, l'article 57 de la loi de 2009 a interdit les fouilles au corps systématiques ; enfin, ne nous voilons pas la face, le trafic a augmenté chez les personnels, ce qui s'explique non seulement par les nouveaux recrutements mais aussi par le niveau des salaires chez des agents chargés de surveiller des détenus qui, en une journée, gagnent ce qu'eux-mêmes gagnent en trois mois.

En tout état de cause, le fait d'installer des téléphones en cellule n'y changera rien car ce que veulent les détenus, c'est se filmer en cellule ou filmer le surveillant et échanger sur les réseaux sociaux, en bref, un accès à internet.

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