Le cas Lubrizol est un cas qui nous hante. Si nous avions été saisis et que nous n'avions pas pu avoir les réponses à temps, vous imaginez la charge morale. C'est un poids très lourd à porter. Notre mission est très belle mais elle n'est pas évidente. Nous sommes des êtres humains.
J'aimerais diffuser la culture de l'alerte. J'ai rencontré des syndicats ; nous avons d'ailleurs dans la commission des syndicalistes qui en sont membres de par le CESE. J'ai discuté avec les syndicats qui nous ont dit que, plus les personnes se trouvent dans un site classé dangereux, plus cette culture du risque qui rend solidaire de l'entreprise est forte. Il ne faut surtout pas qu'un salarié ou un collaborateur, même celui qui vient livrer des produits et voit qu'ils ne sont pas stockés correctement, puisse se dire qu'il trahit son entreprise. Il faut qu'il comprenne que participer à ce devoir de vigilance fait partie de la culture du risque et que la culture du risque consiste aussi à prévenir, au sens de faire de la prévention et au sens de prévenir en cas de dysfonctionnement.
Non seulement il faudrait nous donner des moyens, mais il faudrait que, dès le plus jeune âge, chacun comprenne que la culture du risque, l'alerte font partie de ce devoir de vigilance que nous devons tous avoir. Ce n'est pas une trahison. Certains sites d'entreprises disent explicitement que l'alerte leur fait du bien, qu'elle leur permet d'améliorer leurs protocoles de production, de sécurité et de traiter le problème en interne, donc de ne pas avoir une mauvaise publicité. Tout le monde est gagnant.