Le PRSE a été élaboré selon deux approches : un état des lieux régional et un outil d'appropriation de données plus locales, en cours de construction dans notre région. En ce qui concerne l'état des lieux, nous avons d'abord signé un partenariat avec deux opérateurs capables de recueillir, de synthétiser et de confronter des données. L'ORS fait ce travail sur les données de santé, et le CEREMA le fait pour les données issues du monde de l'environnement. Ils ont travaillé ensemble de sorte à lister les indicateurs les plus pertinents en termes de santé-environnement : des indicateurs de santé, des indicateurs d'environnement et des indicateurs socioéconomiques pertinents.
Le travail a consisté à réaliser des cartes à l'échelle des bassins de vie tels que les définit l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). La région est découpée en deux cents entités, qui ne sont ni les communes ni les intercommunalités ni les départements, mais des espaces intermédiaires dans lesquels nous avons présenté les indicateurs de différentes natures. Il ne s'agissait pas d'établir une relation statistique entre des indicateurs de santé et des indicateurs d'environnement, mais de donner une visibilité sur les questions de l'incidence des cancers, de la pollution de l'air, de la présence de radon, de la présence d'ambroisie, etc. De cette manière, nous avons réalisé environ quatre-vingts cartes, sur la base des données disponibles, de sorte à obtenir cette représentation. Nous sommes parvenus à la conclusion – qui va peut-être vous décevoir – que dans une région aussi vaste que la nôtre, nous déplorons des problèmes de pollution de l'air à certains endroits, des problèmes liés à la présence d'ambroisie à d'autres. Parfois, les problèmes sont généralisés, et en revanche nous avons identifié des pathologies surreprésentées dans certains territoires.
Cette initiative a servi la réflexion lors de l'élaboration du PRSE. Nous travaillons depuis quatre ans avec l'ORS et le CEREMA, et cette collaboration perdure. Nous ne sommes pas partis de rien : il existait déjà en région Rhône-Alpes un outil nommé « Balises », construit par l'ORS, qui permet de mettre à disposition, à l'échelle territoriale souhaitée, une synthèse d'indicateurs sanitaires. Ce dispositif s'adresse aux acteurs de territoire et il a été étendu au moment de la fusion Auvergne-Rhône-Alpes. Nous nous attachons à mobiliser les données environnementales de sorte à les intégrer dans cet outil, qui contient déjà des données de santé, et permettre ainsi aux territoires de disposer de données locales qui auront vocation à servir un état des lieux dans le territoire et un débat, ouvert dans la mesure où les données sont librement accessibles à tous, sur les priorités de l'action publique.
Pour la mobilisation, au sein d'un outil, de données accessibles à tous, la progression s'avère très laborieuse. En effet, si les données de santé sont relativement standardisées, les données environnementales ne le sont pas. Elles proviennent de sources très nombreuses (sols pollués, installations classées pour la protection de l'environnement, radon, pollution de l'air, qualité de l'air intérieur, eau, etc.). Ces données sont souvent issues de systèmes de surveillance de l'environnement, qui ne partagent pas toujours les mêmes objectifs. Il faut parvenir à les partager : c'est un travail de longue haleine, mais qui nous semble indispensable. En effet, en matière de santé publique, il importe de connaître la situation dans un territoire. Ce n'est pas simple pour ce qui concerne uniquement la santé, et la complexité est encore accrue lorsqu'on y ajoute l'environnement, domaine dans lequel nous ne disposons pas de données exhaustives.