Intervention de le docteur Daniel Habold

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 16h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

le docteur Daniel Habold, directeur de la santé publique à l'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine :

Je suis directeur de la santé publique et environnementale à l'ARS Nouvelle-Aquitaine. Je dirige dans cette agence une grosse direction, incluant la gestion de la crise sanitaire. J'ai été médecin, clinicien praticien hospitalier pendant trente ans, conseiller prévention à Shanghai et Ottawa. Je suis également l'un de deux directeurs référents de la santé publique auprès de l'administration centrale du ministère de la santé et des solidarités.

J'ai animé l'un des groupes de travail préfigurant la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 2) au nom des ARS, avec un collègue de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) Rhône-Alpes. J'ai également animé un groupe de travail sur le plan national santé-environnement (PNSE4) avec un collègue de la DREAL Ile-de-France. Notre direction a en outre coorganisé avec la DREAL de Bordeaux les rencontres nationales santé-environnement l'an dernier. Ces rencontres ont permis de nourrir la réflexion du groupe santé-environnement (GSE) national.

Les ARS sont des établissements publics de l'État. Elles ont été créées voici dix ans. Elles ont pour mission de mettre en œuvre la politique de santé dans les régions, d'assurer un pilotage unifié de la santé en région, de mieux répondre aux besoins de la population et d'accroître l'efficacité du système.

Nous disposons en matière de santé environnementale d'une volumineuse réglementation, assez complexe, que l'ARS fait appliquer en tant qu'autorité sanitaire. Notre ARS a une petite centaine de collaborateurs pour notre très grande région.

L'ARS rend des avis sanitaires et effectue des contrôles. Elle s'efforce aussi de traduire en actions de terrain tous les plans et stratégies nationaux, ministériels ou interministériels. Nous avons un système de veille sanitaire couplé avec Santé publique France et avec la recherche universitaire. Nous disposons aussi d'une certaine latitude pour identifier des actions probantes, expérimenter ou innover pour promouvoir des comportements favorables à la vie en bonne santé et anticiper sur les situations nouvelles et urgentes telles que par exemple les conséquences en santé environnementale de la crise sanitaire et sociale de la covid.

L'ARS Nouvelle-Aquitaine a souhaité dès sa création investir dans la santé publique et la santé environnementale. La direction de la santé publique et environnementale comprend des agents aux compétences complémentaires très exceptionnelles que je souhaite d'ailleurs saluer ici. Cette multidisciplinarité de l'ensemble des adjoints sanitaires, des techniciens sanitaires, des ingénieurs d'études sanitaires, des ingénieurs du génie sanitaire est extrêmement précieuse, même si elle est peut-être en voie de disparition. L'ARS mobilise des moyens financiers importants par un dispositif de fongibilité asymétrique et de cofinancements au service des six millions d'habitants de la région, soit la population du Danemark, de l'Autriche, de la Finlande ou de la Norvège.

Le mouvement hygiéniste a émergé au XIXe siècle. Le XXe siècle a permis de formaliser la médecine préventive et la santé publique. L'ARS Nouvelle-Aquitaine se nourrit des connaissances du passé, mais s'inscrit très clairement dans le mouvement de la santé environnementale du XXIe siècle. Cette médecine est fondée sur l'analyse des milieux physiques et psychosociaux. Ce sont en effet les deux environnements qui sont susceptibles d'affecter la vie en bonne santé de l'individu.

Cette médecine est également basée sur une dynamique d'adaptation de la promotion de la santé et de quatre préventions. Ces quatre préventions sont :

– éviter la maladie en prévention primaire ;

– dépister et surveiller en prévention secondaire ;

– réparer pour éviter les conséquences en prévention tertiaire ;

– ne pas trop en faire en prévention quaternaire : primum non nocere. Parfois par exemple, trop d'hygiène favorise des allergies.

La santé environnementale comporte quatre approches. La première est l'approche épigénétique. Elle considère les facteurs environnementaux responsables de modifications dans l'expression de nos gènes et donc susceptibles de provoquer des maladies aiguës ou chroniques, connues ou émergentes, sur l'individu lui-même ou sur sa descendance.

La seconde approche est comportementale et populationnelle : les modes d'intervention tiennent compte de la nécessité d'une véritable littératie en santé, c'est-à-dire de la capacité à comprendre les messages et à se les approprier. Une médiation est évidemment nécessaire pour faire passer ces messages.

La troisième est l'approche intégrative des déterminants de santé, des milieux favorables et de la promotion de la santé, selon la charte d'Ottawa en lien avec la démocratie en santé et selon le concept « Une seule santé » des écosystèmes en santé .

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