La qualité de nos relations avec les services de l'État varie selon les administrations et les services. Je crains que ce soit circonstanciel en raison de la crise sanitaire, mais à l'heure actuelle, les agences régionales de santé (ARS) font partie des administrations les plus critiquées. Elles passent mal auprès des élus, peut-être parce qu'ils en attendent plus que ce qu'elles peuvent faire. En particulier, ils auraient souhaité une aide plus importante dans la gestion quotidienne de la crise, et des réponses à leurs questions, alors que les ARS en étaient à gérer la crise en termes sanitaires et hospitaliers.
Il existe un malentendu, qui à mes yeux a pris naissance et s'est aggravé avec le retrait de l'ingénierie d'État. Je ne reviens pas sur les raisons politiques de ce retrait, mais humainement, cette ingénierie permettait de créer des liens entre les collectivités et des ingénieurs de très bon niveau. Cette relation était enrichissante : elle permettait aux ingénieurs d'avoir connaissance des problèmes de terrain et aux collectivités de bénéficier de l'expertise technique dont elles avaient besoin, et qui ne peut pas être remplacée par les prestations privées, ou du moins pas intégralement. En effet, pour juger de la qualité d'un prestataire, il faut disposer d'un minimum de connaissances techniques.
Il existe une demande d'information de la part des populations. Dans cette perspective, les maires ou parfois les présidents d'intercommunalité sont les élus les plus proches. Les habitants se tournent naturellement vers eux. Cette demande de la population est parfois à double tranchant. Elle veut d'une part être informée, mais de l'autre ne souhaite pas être dérangée dans son confort. C'est quelque chose que connaissent tous les élus, et qu'ils savent a priori gérer.
Il est vrai que l'arrivée de l'information jusqu'aux élus est parfois un peu plus compliquée. Par exemple, le ministère de la santé avait élaboré une affiche qui permettait d'expliquer simplement aux habitants les enjeux liés à l'air intérieur. Son existence nous a été signalée, et elle a ainsi été utilisée. Les collectivités, en particulier celles de petite taille, n'ont en effet pas accès à des outils de communication professionnels, comme peuvent en développer de plus grandes ou les services de l'État. Elles ont cependant accès à internet, et disposent toutes d'une imprimante. La mise à disposition des collectivités d'outils qui facilitent la communication avec la population dans une démarche pédagogique est assez précieuse, et est appréciée par les collectivités, notamment celles de petite taille. Il ne s'agit du reste pas de la politique la plus ruineuse qui se puisse inventer.