Ce sont effectivement les principaux risques. Les risques à long terme ou à bas bruit ont été pris en compte depuis fort longtemps. Le SCCS évalue toutes les données, pas uniquement celles que nous fournissons. Il évalue avec toutes les données existantes sur la toxicologie.
La cancérogénicité, la toxicité pour le développement et pour la reproduction font partie des dossiers d'évaluation, même lorsque les substances concernées ne sont pas des CMR. Vous pouvez consulter les dossiers du SCCS : ce sont des dossiers d'une cinquantaine de pages qui reprennent un travail effectué sur plusieurs mois, pour chaque ingrédient.
Le SCCS est composé de scientifiques indépendants qui travaillent auprès de la Commission européenne. Ils proviennent de différents États membres. Des scientifiques français représentant l'Anses en font partie.
Le SCCS a publié un mémorandum sur la perturbation endocrinienne pour expliquer la façon dont il la prenait en charge, bien avant que tout le monde en parle et s'en inquiète. Par exemple, les parabènes ont fait l'objet d'un rapport d'évaluation en 2006, 2008, 2010, 2011, 2013, 2015. Un rapport vient de sortir sur le propylparabène dans les produits cosmétiques. Le SCCS a travaillé sur le triclosan, l'homosalate, la mélatonine. Depuis longtemps, il travaille sur les conservateurs et les filtres pour ultraviolets (UV). Il est très intéressant de voir que le SCCS utilise l'intégralité des données pour évaluer la sécurité d'une substance, la pertinence de chaque donnée scientifique étant évaluée au regard des autres données disponibles.
Vous parliez des remarques faites par des consommateurs et de leurs inquiétudes. Deux points sont importants. D'abord, il faut étudier la perturbation endocrinienne dans son ensemble car il existe des produits qui réagissent dans un tube à essai, mais n'ont pas d'impact dans l'organisme et inversement. De plus, lorsque l'ingrédient est utilisé dans des produits pour enfants, le SCCS évalue plus particulièrement cette cible.
Une explication sur la manière d'évaluer la sécurité pour les petits enfants se trouve dans les lignes directrices du SCCS. La FEBEA avait déjà, avant cette publication, travaillé avec les évaluateurs de la sécurité pour définir le processus à suivre, dès la formulation, pour les produits pour bébés. Ce travail a été repris après approfondissement par le comité européen. Nous avions d'ailleurs répondu à des interrogations de l'ANSM et monté cette évaluation de la formulation la plus adaptée lorsque le produit est destiné à un enfant.
Nous sommes actuellement dans une situation anxiogène. Cet été, par exemple, un document a été publié recommandant de ne pas utiliser de filtre solaire car ces produits sont dangereux pour l'océan et, quinze jours plus tard, le ministère de la Santé a rappelé que les filtres solaires sont importants dans la prévention du cancer de la peau. Une étude nous a montré qu'un Français sur deux n'utilise pas de filtre solaire et que cela ne concerne pas que des adultes.
Deux aspects sont importants : la notion de risque et la notion de gradation du risque pour que les mesures et les décisions prises soient solides, crédibles. Sinon le consommateur ne sait plus où il en est. Par exemple, les consommateurs s'inquiètent souvent de la présence de sulfates dans les produits cosmétiques, parce que les sulfates sont irritants. Si des sulfates purs sont déposés sur la peau avec une cupule de protection, cela provoque effectivement une irritation. Toutefois, la concentration utilisée dans les produits cosmétiques ne provoque pas d'irritation.
Prenons aussi l'exemple du liniment oléo-calcaire que les jeunes mamans utilisent beaucoup. Il est composé de 50 % d'eau de chaux et 50 % d'huile végétale, souvent d'olive. L'eau de chaux a un pH de 12 environ, elle est donc corrosive. Elle n'est pas irritante, elle provoque des brûlures. Pourtant, lorsque le liniment oléo-calcaire est fabriqué correctement, bien mixé et surtout qu'il est bien utilisé, ce produit est très apprécié et j'en reconnais la totale innocuité. L'évaluation de l'exposition et du risque est donc importante pour ne pas perdre de vue les vrais risques.
Je pense qu'il faut expliquer au consommateur et non dire « utilisez cela et pas cela ». En tant que consommatrice, je ne souhaite pas être guidée, mais faire un choix éclairé avec des explications simples. Mélanger toutes les craintes possibles, sans tenir compte du risque et de l'exposition, est anxiogène mais n'aide pas.