Intervention de Marie Thibaud

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 14h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Marie Thibaud, fondatrice du Collectif stop aux cancers de nos enfants :

Au niveau national, il n'existe plus de données du registre national des cancers pédiatriques depuis 2014. Les chiffres qui sont indiqués pour la France ne sont que des chiffres extrapolés, modélisés à partir des valeurs antérieures. Il nous paraît donc indispensable de maintenir constamment à jour un registre national des cancers pédiatriques. Sans données, nous ne pouvons évidemment que dire qu'il n'existe pas d'augmentation des cancers pédiatriques alors que la réalité est peut-être tout autre aujourd'hui.

Il serait aussi très intelligent de mettre en place une cartographie de veille sanitaire, quasiment en temps réel, au niveau départemental et au niveau national. J'ai contacté le registre départemental. Avant ma première alerte, il avait plus de trois ans de retard dans l'enregistrement des données de cancers. Cela ne permet pas de faire de la veille sanitaire.

La veille sanitaire des cancers et des cancers pédiatriques n'existe donc pas aujourd'hui. Elle n'est pas possible puisque nous n'avons pas de données en temps réel. Il est très important de la mettre en place et de prévoir un processus d'intelligence artificielle de traitement de ces données qui permettrait de déclencher des alertes dès qu'un regroupement de cancers pédiatriques se produit. Nous pourrions alors faire une recherche spécifique sur le secteur concerné. Aujourd'hui nous ne savons pas et, s'il n'existe pas de lanceur d'alertes, nos autorités sanitaires – ARS, Santé publique France ou les registres – n'ont aucun moyen d'alerter. Encore maintenant, fin 2020, ce sont les citoyens, les lanceurs d'alerte qui signalent qu'il se passe quelque chose.

Il nous paraît indispensable que des prélèvements soient faits systématiquement sur chaque enfant cancéreux : prélèvements d'urine, de sang, de cheveux au moment de la déclaration du cancer. Des prélèvements sont faits, certes, mais ils pourraient être analysés d'une autre manière. Tous ces prélèvements devraient être entrés dans une base de données construite dans ce but, avec une analyse génomique et épigénétique chez tous les enfants qui développent un cancer. Cette base de données permettrait de disposer des éléments utiles en cas de détection d'un regroupement de cancers pédiatriques. Nous pourrions envisager de créer des observatoires sectorisés un peu partout en France.

Vous avez bien compris que le cluster dit de Sainte-Pazanne concerne en fait les quelques communes avoisinantes. Il existe d'autres clusters en France dans le Haut-Jura, en Charente-Maritime et dans l'Eure. Nous sommes en contact avec eux et la même étude épidémiologique est conduite par Santé publique France, avec le même questionnaire envoyé aux familles. Il ne comporte que très peu de questions et ne permet pas d'aboutir à quoi que ce soit.

Au niveau local, il nous paraît indispensable d'appliquer le principe de précaution pour l'installation de tous les nouveaux projets éoliens envisagés ici. J'en développerai la raison par la suite. Dans le secteur se trouve une école dans laquelle quatre enfants ont déclaré un cancer ce qui n'existe pas ailleurs en France. Nous demandons le respect d'un principe de précaution dans cette école très impactée par plusieurs facteurs de risque.

Enfin, la création d'un observatoire de la pollution en santé environnementale est vraiment indispensable, au moins localement, et serait transposable au niveau national.

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