Intervention de Emmanuelle Amar

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 16h30
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Emmanuelle Amar :

Jusqu'à présent, aucun produit n'a été reconnu comme étant significativement lié ou associé à une malformation. Il appartient à l'épidémiologiste de mesurer la probabilité que l'évènement observé soit lié au hasard. Le calcul montrera si cette probabilité peut être écartée ou pas.

Dans notre travail, nous visons la neutralité. Nous fonctionnons sans a priori et sans parti pris. Nous surveillons la totalité des malformations et nous ne nous focalisons sur aucune d'entre elles en particulier. En revanche, nous réagissons à tout signalement humain, à toute alerte, et nous procédons à des vérifications. Nous statuons sur la réalité des cas, sur leur éventuel excès par rapport à l'attendu en fonction des statistiques que nous avons élaborées depuis 1973 (hors problématique environnementale). En fait, les cas anormaux sont « normalement attendus ». Un enfant sur dix mille naît avec une agénésie des membres et les cas sont répartis de manière aléatoire. Le calcul permet d'évaluer la probabilité qu'un enfant victime de certaines malformations naisse à un endroit précis et que cette malformation survienne en excès de nombre. Parmi ces cas, certains étaient statistiquement « normalement attendus » ; d'autres surviennent en « excès statistiques ». Si ces autres cas surviennent dans un rayon géographique restreint, il est alors indispensable d'étudier l'environnement, mais sans a priori.

S'agissant de l'augmentation des cas d'hypospadias, nous avons commencé par regarder si un interne ne consacrait pas une thèse à cette malformation, ce qui l'aurait conduit à ressortir un grand nombre de dossiers. Lorsque nous avons éliminé un certain nombre d'hypothèses de ce type, nous pouvons alors constater l'augmentation anormale des cas. Nous étudions alors l'environnement géographique, la présence de zones rurales et agricoles et nous procédons à un calcul de probabilité en regard des autres cas survenus. Nous savons désormais que la probabilité que ces malformations surviennent dans ces zones est plus importante, mais nous n'avons fait aucun prélèvement et nous ne savons pas à quoi elles sont dues. Il est néanmoins raisonnable de suspecter qu'il existe un environnement favorable à la survenue de ces malformations.

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