C'est une question fondamentale. Je suis un ardent défenseur des mécanismes de prix garanti. J'emploie ici le terme utilisé par Jean-Bernard Lévy, président-directeur d'EDF, pour désigner le contrat signé entre cette entreprise et le gouvernement anglais pour la construction de centrales nucléaires. Comme le secteur nucléaire, nous avons besoin de visibilité, car nos activités demandent d'importants investissements capitalistiques. Nous avons besoin d'une stabilité de nos revenus pendant la durée d'amortissement de nos installations, c'est-à-dire vingt ou vingt-cinq ans. Il est essentiel que nous puissions sécuriser nos revenus afin que les banques nous accordent des prêts dans de bonnes conditions. Je défends ardemment ce système.
Dans le cadre de notre projet en Finlande, nous vendrons l'énergie sur le marché. Nous connaissons donc cette problématique et l'expérimentons. Nous signons actuellement des contrats d'achat d'électricité avec des industriels, mais c'est un pis-aller. Nous nous y prêtons car la Finlande ne possède pas de mécanisme de prix garanti, à la différence de la France, de l'Allemagne ou de la Grèce. Notez que le mécanisme de prix garanti est également employé pour la centrale nucléaire de Hinkley Point en Grande-Bretagne. C'est le dispositif optimal. Il permet de tirer parti d'un foisonnement de la production sur un espace géographique large, à l'échelle d'un pays.
Lorsque je signe un contrat d'achat d'électricité avec un industriel, je fais savoir aux banquiers auprès desquels je sollicite un financement que je revendrai l'électricité à un prix donné pendant dix ou quinze ans. Admettons que je vende l'électricité à 0,40 euro le MWh à mon client. Je dois aussi supporter des frais de profilage, c'est-à-dire d'adaptation de la production à la demande. Ils me coûtent 3 à 4 euros par MWh. Au contraire, lorsqu'un mécanisme de prix garanti est appliqué à l'échelle d'un pays, le foisonnement entre en jeu. C'est alors l'équilibre entre la production et la consommation qui détermine le prix.