Intervention de François-Michel Lambert

Réunion du mardi 7 mai 2019 à 18h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

Je m'étonne des éléments de calcul que vous avancez sur le démantèlement des éoliennes, monsieur Grandidier. En effet, ils sont loin de prendre en compte la globalité des impacts de ces installations et les perspectives d'innovation qui s'offrent à nous. Qui sait si, dans dix ou vingt ans, le béton n'aura pas une nouvelle valeur ? Si les matériaux de construction viennent à manquer, les socles d'éoliennes pourraient être réemployés dans la fabrication de ponts ou d'immeubles. Ces installations seraient donc valorisées plutôt qu'elles ne coûteraient.

Monsieur Grandidier, vous n'avez pas évoqué le gaz. De grands transporteurs comme GRTgaz anticipent qu'en 2050, le gaz pourrait ne plus émettre de CO2. Vous y intéressez-vous ? Qu'en est-il de l'hydrogène ?

Par ailleurs, quelle est votre perception de la décentralisation des politiques publiques en matière énergétique ? Comment, selon vous, investir pleinement les territoires et les décideurs locaux de sujets de développement des énergies renouvelables ?

J'en viens aux innovations. La technologie de la chaîne de blocs est-elle susceptible de créer une rupture et d'instaurer un tout autre modèle économique dans le domaine énergétique, au-delà de la seule production d'énergie ? Ceci nous renvoie à l'économie de la fonctionnalité et aux possibles changements de paradigme que pourrait connaître ce secteur : partage d'énergies d'hyperproximité, autoconsommation, etc. Comment intégrez-vous ces points de rupture dans vos stratégies, monsieur le président ? Qu'attendez-vous des élus et du législateur ? Faut-il faire évoluer le financement participatif en conséquence ? Celui-ci pourrait-il être intégré aux appels d'offres de marchés publics, de telle sorte que les collectivités puissent y recourir pour développer des projets de production d'énergie décentralisée ?

À vous écouter enfin, monsieur Grandidier, il semble que votre frein principal réside dans notre modèle de comptabilité. Vous êtes sans cesse renvoyé à des comparaisons typiques d'une comptabilité incapable de valoriser l'apport positif de votre production énergétique. Cette comptabilité se focalise sur les flux financiers et néglige les impacts extra-financiers, qu'ils soient sociaux ou environnementaux. Il existe certes quelques indicateurs de responsabilité sociale et environnementale. Au-delà, et à l'instar d'une expérimentation menée en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, n'est-il pas nécessaire de faire émerger une nouvelle forme de comptabilité intégrée qui traduise, dans un bilan unique, l'ensemble des facteurs en jeu, monétaires et non monétaires ? Vos actions de préservation des espaces naturels et d'insertion professionnelle viendraient ainsi renforcer le bilan de votre structure. Cette approche démontrerait qu'au-delà de la production d'électricité, vous apportez un bénéfice aux territoires. Les financeurs publics ou privés pourraient s'en trouver rassurés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.