La comptabilité intégrée que vous évoquez, monsieur Lambert, pose la question des services rendus par la nature. Au-delà de la séquestration du CO2, ces services sont très nombreux : la biodiversité contribue à la pollinisation des cultures, la perméabilité des sols induit des coûts évités en termes d'inondation et d'incendie, sans compter la valeur récréative des espaces naturels. Certaines associations de protection de l'environnement s'efforcent de chiffrer ces services rendus par la nature. WWF France y a procédé pour le projet Fermes d'avenir dans l'Essonne, par exemple.
Dans l'énergie, cette approche n'en est qu'aux balbutiements. Nous ne disposons pas d'étalon auquel nous puissions nous référer. À ce jour, nous pouvons simplement valoriser le bénéfice social des clauses d'insertion de nos projets. Plus largement, un travail mériterait d'être mené pour prendre en compte l'apport global des énergies renouvelables à l'environnement et aux populations. Cette réflexion est entamée avec les directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement. Nous aurons besoin du soutien des politiques pour trouver un accord sur les critères devant être retenus à ce titre. Il faudra notamment juger si une installation d'énergie renouvelable est un élément d'urbanisation et d'imperméabilisation des sols. Sachez qu'une centrale photovoltaïque, dès lors qu'elle est construite dans certaines conditions, ne contribue ni à l'artificialisation ni à l'imperméabilisation d'une terre. Au contraire, elle peut rendre des services. Ces arguments sont à construire avec les acteurs politiques et les associations, afin que les opérateurs sachent si leurs projets sont éligibles ou non aux appels d'offres, notamment à ceux de la CRE.