Merci, monsieur le président, de nous avoir invités. Je vais vous présenter un bref exposé liminaire, qui sera complété par Charles Lhermitte. Nous serons bien évidemment très heureux de répondre ensuite à vos questions.
France énergie éolienne est l'association des professionnels de l'éolien en France. Nous comptons à ce jour 320 entreprises adhérentes, actives dans l'ensemble des segments de la chaîne de valeur : il s'agit aussi bien d'exploitants producteurs, que des développeurs, des constructeurs d'éoliennes, des fabricants de composants, des sociétés intervenant dans la construction, le génie civil, le génie électrique, des bureaux d'études, des institutions financières, etc. Ces entreprises sont par ailleurs de tailles très différentes : certaines, comme Engie ou Société générale, sont très grandes et très connues, tandis que d'autres ne comptent que quelques salariés.
Aujourd'hui, la production d'électricité éolienne représente environ 6 % de la consommation électrique française. Il s'agit de la deuxième source d'énergie renouvelable en France, après l'hydroélectricité. Environ 1 500 parcs éoliens terrestres sont en service sur l'ensemble du territoire, ce qui représente quelque 8 000 éoliennes.
Le prix moyen de l'électricité tel que résultant des deux derniers appels d'offres est de l'ordre de 66 euros du mégawattheure (MWh) pour les contrats sur vingt ans. Je précise qu'il inclut l'ensemble des coûts de raccordement.
En termes d'emplois et de retombées économiques, l'éolien représente 18 000 emplois actifs, directs et indirects en France, répartis dans 1 070 entreprises. De très nombreuses entreprises interviennent donc dans ce secteur. Le taux de croissance des emplois est de l'ordre de 8 % par an au cours des dernières années : environ 4 emplois sont ainsi créés par jour dans le secteur.
Concernant la question de l'acceptabilité sociale, dont nous savons qu'elle est l'une de vos préoccupations, les études montrent qu'environ 80 % des riverains ont une bonne image de l'éolien.
On estime enfin à 168 millions d'euros par an les retombées fiscales sur l'ensemble des collectivités locales.
Concernant l'éolien offshore, la situation est sensiblement différente et plus contrastée. Il existe en France un potentiel énorme, qui dispose du deuxième gisement de vent et de la deuxième façade maritime en Europe. Des investissements importants ont déjà été effectués dans ce domaine par les territoires qui ont de grandes attentes à ce sujet. Une filière industrielle est en construction. Comme vous le savez probablement, six parcs « posés » ont été attribués en 2012 et 2014 et quatre fermes éoliennes pilotes flottantes en 2016. De nombreuses études ont été menées et nous attendons rapidement les premières constructions. Il existe une forte attente vis-à-vis de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), jugée insuffisante dans ce domaine par les professionnels mais aussi par de nombreuses collectivités.
L'éolien est une énergie propre, sûre, de plus en plus compétitive, avec un coût complet et transparent, qui couvre l'ensemble du cycle de vie. Cette énergie est de surcroît créatrice d'emplois, fiable pour le réseau électrique, qui contribue à la sécurité d'approvisionnement et présente des caractéristiques d'acceptabilité bien meilleures de notre point de vue que l'image qui peut parfois en être donnée par divers intervenants. Au niveau économique, la filière est mature et compétitive.
En matière réglementaire, je souhaiterais insister essentiellement sur trois éléments économiques. Il faut tout d'abord souligner qu'il existe un système de prix garantis à long terme : cette industrie étant fortement capitalistique, il est très important d'avoir une visibilité sur la durée. Cela permet d'obtenir des financements bancaires et est l'un des facteurs permettant de réduire le prix.
Le niveau de prix à proprement parler est défini par mise en concurrence des projets, par le dispositif des appels d'offres. On est aujourd'hui à 66 euros le MWh sur 20 ans. Il s'agit d'un coût complet, qui comprend notamment l'ensemble des coûts de raccordement, encore appelé « quote-part de raccordement », évoquée lors d'une précédente audition par François Brottes. En comparaison, des technologies comme celles de la centrale de Hinkley Point, par exemple, sont deux fois plus onéreuses sur 35 ans.
Comment se fait cette rémunération ? Le producteur vend son électricité sur le marché quotidien, le marché spot, et perçoit un complément de rémunération correspondant à la différence entre le prix auquel il a remporté l'appel d'offres et le prix de marché.
Le financement s'effectue par le mécanisme de la contribution au service public de l'électricité (CSPE). L'éolien représente aujourd'hui 17 % du total de la CSPE. Le chiffre global est quasiment stable dans les prévisions de la PPE, avec pourtant un volume en augmentation significative, ce qui témoigne de la compétitivité de plus en plus importante de l'éolien.
Un autre aspect économique concerne la création d'emplois. Je souhaiterais insister particulièrement sur ce point. L'éolien est une industrie aujourd'hui très européenne et doit le rester. Il faut savoir qu'une éolienne est constituée de très nombreux composants mécaniques, électriques, électrotechniques, de câbles, etc. La valeur de l'éolienne est donc vraiment le fait de ces composants ; la partie relative à l'assemblage ne représente qu'un faible pourcentage de la valeur ajoutée. Bien que ce soit peu connu, il existe en France de nombreux industriels qui sont positionnés dans la chaîne de valeur de l'éolien et vendent aux constructeurs, en France et au-delà. Je souhaiterais citer par exemple les sociétés Mersen, à Amiens, qui produit des composants de génératrices, Schneider, à Mâcon, qui fabrique de nombreux composants électromécaniques et électrotechniques, dont des cellules, Chomarat, basé en Ardèche, qui produit des textiles industriels pour les pales, Rollix Defontaine, en Vendée, qui fait des roulements, Stromag, à Nevers, qui fait des freins, la société LM qui construit à Cherbourg une usine de pales, etc. La France compte aussi des ensembliers présents industriellement sur le territoire : citons Poma, GE ou Siemens Gamesa, qui construit une usine au Havre. Il existe aussi, dans le domaine de l' offshore, des sociétés très actives, comme STX, qui a beaucoup de succès et fait des sous-stations électriques, Louis Dreyfus Armateurs, Bourbon ou Naval Energies, qui se positionnent sur un marché européen, voire mondial. Ce secteur englobe aussi des activités de travaux de construction et mobilise ainsi des sociétés de génie civil. La maintenance est également un point important : environ 5 000 personnes, réparties entre 80 bases sur l'ensemble du territoire, travaillent aujourd'hui dans ce domaine et contribuent fortement au maintien de l'activité locale et au rajeunissement de la population en milieu rural. Toutes ces entreprises représentent, comme je vous l'indiquais précédemment, quelque 18 000 emplois, recensés dans le cadre d'études que nous publions chaque année dans notre observatoire du secteur.
L'éolien génère également une activité de formation considérable. De nombreux centres se sont créés.
Ainsi, l'éolien est en forte croissance et se diversifie. La dynamique à l'œuvre, relativement peu médiatisée, n'est pas nécessairement très spectaculaire ; mais je vous invite à visiter des usines ou des centres de maintenance d'éoliennes pour vous rendre compte concrètement de la réalité technique, industrielle et humaine de cette activité.
Je souhaiterais m'intéresser à présent à la question de la sécurité d'approvisionnement et de la fiabilité. L'éolien représente aujourd'hui 6 % de la consommation électrique française et 12 % à l'échelle européenne. Le scénario correspondant à la PPE conduirait à terme à ce que ce chiffre atteigne 20 %. Les scénarios RTE à 2035 vont jusqu'à 35 % ou 36 % d'éolien dans le mix électrique français. Nous pourrons développer si vous le souhaitez et expliquer en quoi cela contribue à la sécurité d'approvisionnement. Permettez-moi de citer le Réseau de transport d'électricité (RTE), expert du domaine puisqu'il lui appartient d'équilibrer le réseau entre consommation et production, qui indique dans son rapport la chose suivante : « Développer un système reposant à 70 % sur des EnR ne conduit en aucun cas à ‘doubler' la capacité renouvelable par des moyens thermiques. Les argumentaires alarmistes consistant à considérer nécessaire le développement de moyens de secours systématiques font fi d'une part de l'interconnexion de la France avec ses voisins, qui permet de mutualiser les flexibilités, d'autre part d'une analyse de la contribution statistique de l'éolien et du photovoltaïque à la sécurité d'approvisionnement ». Il me semble important de faire confiance aux vrais experts du sujet.
En matière d'acceptabilité de l'éolien, je souhaiterais souligner que la réalité de terrain est beaucoup plus nuancée et positive que l'image qui en est donnée par certains.