Intervention de Jean-Marc Jancovici

Réunion du jeudi 16 mai 2019 à 16h15
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Jean-Marc Jancovici, ingénieur, consultant en énergie :

. L'hydrogène n'est pas une énergie primaire. On n'en trouve pas dans la nature, c'est un vecteur comme l'électricité. L'hydrogène n'est qu'un moyen de conversion et de stockage d'une autre énergie. Nous savons en faire de grandes quantités parce qu'il en existe deux grandes utilisations industrielles, dont la désulfuration des carburants. Dans toutes les raffineries des pays occidentaux, il y a des unités de production d'hydrogène mises en place par Air liquide ou par ses concurrents. Mais c'est de la production d'hydrogène fossile. C'est de l'hydrogène qu'on va chercher dans du méthane, c'est-à-dire dans du gaz naturel. La formule chimique du méthane est CH4, soit un atome de carbone et quatre atomes d'hydrogène. On joue au Lego à l'envers pour récupérer, d'un côté, le carbone sous forme oxydée de CO2 qui part dans l'atmosphère, et, de l'autre côté, de l'hydrogène. On le fait par chauffage réalisé avec une autre partie du gaz naturel. Cela émet plein de CO2. La deuxième source de production d'hydrogène importante dans les pays occidentaux est la chimie de l'ammoniaque. On prend de l'hydrogène, on l'associe avec l'azote de l'air pour faire de l'ammoniaque, à la base de la chimie des engrais.

On sait très bien faire de l'hydrogène en grande quantité avec du gaz mais au prix de l'envoi de beaucoup de CO2. Si on veut se servir de l'hydrogène comme vecteur, il faudrait le faire avec des énergies sans carbone, c'est-à-dire essentiellement des énergies électriques. Pour être intéressant, l'hydrogène doit être plus intéressant que la chaîne électricité. Au début de l'histoire de l'hydrogène, il y a l'électricité. Certains disent qu'en installant plein d'éoliennes, on pourra électrolyser de l'eau quand il y aura du vent, ce qui produira de l'hydrogène qu'on transportera et utilisera. C'est physiquement possible mais cela reste beaucoup moins intéressant que des centrales nucléaires pilotables. Dès lors, on n'a besoin ni des éoliennes ni de faire de l'hydrogène pour stocker l'énergie dont on n'a pas besoin quand il y a du vent. L'ensemble éolien plus stockage d'hydrogène est une variante de ce que je vous ai présenté tout à l'heure. On réalise le stockage sous forme d'hydrogène au lieu de le faire sous forme de barrages réversibles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.