. Nous avons évoqué le développement futur de techniques de stockage. Quand on gère prudemment, on compte sur les forces dont on est sûr en se disant qu'en cas de bonne surprise on saura toujours en faire quelque chose. En tant que chef d'entreprise, c'est ainsi que je raisonne. Je ne souhaite pas dépenser tout mon argent aujourd'hui en espérant gagner demain au Loto, je préfère compter sur ce dont je suis sûr en essayant d'obtenir un peu mieux. Si tel est le cas, j'en profiterai, si tel n'est pas le cas, je n'aurai pas pris de risques inconsidérés. Faisons avec les moyens du bord. Je n'ai pas besoin de progrès majeurs dans le stockage pour remplacer le fioul par des pompes à chaleur ; je n'ai pas besoin de moyens de stockage massifs pour remplacer une partie du gaz par des pompes à chaleur.
J'ai montré tout à l'heure que la consommation de gaz de la France avait commencé à décliner en 2005, époque à laquelle la mer du Nord avait passé son pic de production. Quelque 60 % du gaz européen en provenaient, contre 50 % aujourd'hui. La Norvège, dernier grand pays de la mer du Nord n'ayant pas passé son pic de production, le passera dans les années qui viennent, après quoi la production dégringolera encore plus vite. Il n'y aura pas de plus en plus de gaz en Europe, il y en aura de moins en moins. Ceux qui disent que le gaz est l'énergie de la transition n'ont peut-être pas raison, car il n'est pas sûr que nous en aurons de plus en plus.
Je suis aussi un décroissantiste, non que cela me fasse envie mais parce que je ne vois pas comment y échapper. Pour moi, il faut gérer à l'économie. C'est précisément pourquoi je suis partisan du nucléaire, car c'est un moyen économique quand on considère le système complet. Je pense donc que le nucléaire est un amortisseur de la décroissance. En s'en privant, on risque de tomber en se faisant plus mal.