Dans le monde entier, l'idée qu'il puisse exister des scores d'attribution des greffons remonte aux années 1985. De l'autre côté de l'Atlantique, les gens ont commencé à réfléchir à cette possibilité, qui devait permettre de prendre en compte simultanément de multiples facteurs.
En revanche, les critères d'attribution, et leur poids respectif, varient d'un pays à l'autre. En effet, si plusieurs critères sont fondés sur des preuves (evidence-based), dans la mesure où nous disposons, par exemple pour une maladie donnée, de données précises relatives aux scores de risques, pour d'autres, la décision est moins évidente. Ainsi, s'agissant de la priorisation selon l'âge que nous vous avons présentée, cela a été tenté outre-Atlantique, mais le responsable des systèmes d'attribution des greffons américains s'est retrouvé confronté à une levée de boucliers de l'ensemble des associations de retraités. Aux États-Unis, l'environnement sociétal donne ainsi plus ou moins d'importance à certains critères, qui ne sont pas proprement médicaux et scientifiques, mais purement sociétaux.
Il n'existe, de ce fait, aucune solution « ubiquitaire » et stable au cours du temps. Nous vous avons présenté toute la mécanique, consistant à effectuer des simulations, avant de mettre en oeuvre tout nouveau système. Or, il peut survenir un fait bioclinique nouveau, venant modifier la situation. Par exemple, en matière de greffe hépatique, un travail mené aux États-Unis a mis en évidence la possibilité de mieux mesurer le risque de décès des malades cirrhotiques en liste d'attente, ce qui est venu bouleverser le système d'attribution. Cet exemple témoigne de l'instabilité de ce type de systèmes, appelés à évoluer. La démarche d'amélioration du système au cours du temps est donc importante. Il est essentiel d'avoir conscience du fait qu'il n'existe pas de solution unique, y compris en Europe, même si la plupart des pays s'appuient sur des scores d'attribution.