Notre patrimoine a pu bénéficier de notre dispositif très favorable au mécénat, madame Racon-Bouzon. À cela s'ajoute le mécénat international. Je pense aux associations comme les American Friends de divers musées et institutions que j'ai rencontrés à plusieurs reprises à la faveur de rénovations de lieux importants ou d'expositions. Cette loi essentielle doit davantage aider les institutions nationales. Il existe déjà des canaux permettant aux entreprises européennes de contribuer au mécénat en France, en passant par un réseau de fondations. Toute initiative favorisant un cadrage plus harmonisé en ce domaine mérite d'être soutenue. C'est un nouveau chantier que je suis disposée à explorer avec les ministères compétents et nos homologues européens. Le partage des bonnes pratiques permet toujours d'avancer.
Beaucoup de questions ont porté sur l'Erasmus de la culture. Lors de la réunion des ministres européens de la culture du 11 octobre dernier, les échanges ont conduit à appeler à la création d'un volet complémentaire en faveur de la mobilité dans le secteur culturel inspiré par la réussite du programme Erasmus. Le souhait a été formulé que la Commission européenne lance un projet pilote de préfiguration en 2018, qui pourrait concerner le patrimoine. Je compte proposer d'inscrire la mobilité des professionnels de la culture dans le cadre du futur plan de travail pour la culture 2019-2022, qui sera préparé au premier semestre 2018.
L'opération « Rentrée en musique » et les programmes d'éveil à la musique se sont inspirés, madame Calvez, d'expériences d'autres pays européens. La place importante qu'ils accordent à la musique a des effets palpables sur les élèves : prise de confiance, joie d'aller à l'école. Par ailleurs, faire chanter l'hymne européen dans tous les établissements scolaires d'Europe le 9 mai serait une initiative intéressante et hautement symbolique.
Madame Mette, j'ai déjà répondu au sujet de l'année du patrimoine, qui couvrira tous les patrimoines, donc le patrimoine cinématographique. Il y aura des contributions budgétaires de tous les États membres et un apport de quelques millions du budget européen.
Monsieur Bois, il est important de favoriser des projets culturels concrets, qui puissent incarner l'Europe auprès des citoyens. Les arts du cirque et de rue, plus largement toutes les manifestations artistiques dans l'espace public, constituent un secteur dynamique de grande attractivité. Ils offrent une vision alternative de la création artistique contemporaine et une manière de travailler selon une approche de l'Europe citoyenne et démocratique. Ces créations, souvent itinérantes, s'adaptent bien au cadre européen. Présentées en salles, dans des théâtres traditionnels, sous chapiteau ou dans l'espace public, elles attirent un très large public. Le programme Europe créative de l'Union européenne soutient plusieurs initiatives de coopération en la matière, souvent portées par des acteurs français engagés depuis de nombreuses années dans ces formes d'expression artistique grâce à un soutien public important. À titre d'exemple, je citerai le réseau européen Circostrada ou encore le projet In Situ piloté par le centre national de création Lieux publics à Marseille.
L'année européenne du patrimoine 2018 sera également l'occasion de valoriser le patrimoine immatériel dans sa diversité. L'objectif est de contribuer à renforcer de nouvelles dynamiques d'intervention entre création et patrimoine autour d'un sentiment d'appartenance commune.
Monsieur Attal, nous sommes particulièrement attachés à la traduction et à ses enjeux. Lors de son discours à la foire de Francfort, le Président de la République a annoncé la création d'un grand prix de la traduction. Nous allons conforter tous les dispositifs existants, notamment ceux du Centre national du livre qui permettent de soutenir la traduction de plus de cinq cents ouvrages : un crédit de 700 000 euros est consacré à la traduction d'ouvrages du français vers une langue étrangère et d'une langue étrangère vers le français. Les traducteurs ont accès à des bourses de résidence, à des collèges de traducteurs où ils peuvent se confronter à leurs homologues et continuer à se former. Je veillerai également à leur mobilité dans le cadre d'un Erasmus des créateurs. Le programme Europe créative peut être un moyen de renforcer ces actions. J'accorderai une importance particulière au bassin méditerranéen. La traduction arabe-français est capitale, qu'il s'agisse de faire connaître les oeuvres de notre patrimoine littéraire ou scientifique ou de porter la voix souvent étonnamment joyeuse des écrivains arabophones. J'ai apprécié votre exemple d'un livre d'abord traduit de l'arabe vers le français puis du français vers le suédois.
Le français s'enrichit au contact des autres langues, c'est une position que je défends depuis quarante ans. Il suffit de passer la frontière pour que le français devienne une langue étrangère. La traduction est essentielle à la compréhension mutuelle. Plus l'on fréquente d'autres langues, plus on se nourrit. Ne connaître qu'une seule langue, c'est se priver de toute la richesse des autres langues et de leurs philosophies. J'ai toujours à l'esprit cette phrase marquante de Paul Veyne : « ne vouloir connaître qu'une seule culture, la sienne, c'est se condamner à vivre sous un éteignoir. »
Madame Calvez, vous m'avez interrogée à propos de l'accès des jeunes aux musées européens. Les jeunes de moins de dix-huit ans peuvent d'ores et déjà entrer gratuitement dans de nombreux musées d'Europe. Nous pourrons améliorer ces conditions d'accès grâce au Pass culture européen, qui est un vecteur très concret des politiques culturelles.