J'interviens au nom du groupe La France insoumise. J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt Mme Buffet ou M. Juanico car il est évident que je ne suis pas un grand spécialiste de la question. J'apprends donc beaucoup sur le plan technique.
Au lendemain du transfert de Neymar, je courais le long de la Somme et je me suis arrêté pour faire des étirements. Se déroulait là la finale de la coupe de France de longue paume – nous sommes directement concernés puisque le Serment du Jeu de Paume est lié à ce sport qui n'existe plus aujourd'hui que dans un petit coin de la Picardie. Or, pendant ma pause, le président de la Fédération française de longue paume, en sueur et avec sa raquette, vient me voir et me dit : « Écoutez, ça tombe bien que vous soyez là parce que je suis dans une situation terrible : j'ai deux salariés grâce auxquels j'arrive à faire venir 2 000 gamins et je vais devoir en licencier un parce que je ne reçois plus que 8 000 euros du ministère des sports ; or c'est un gars qui a été formé, il a trente-cinq ans, il a deux enfants. Je n'en dors plus la nuit ». Voilà la situation dans laquelle se trouve une petite fédération et je pense que nombre de petits clubs pourront se reconnaître dans ce récit. On voit donc bien le contraste entre le transfert de Neymar et des petits clubs qui organisent la paella, le loto, ou le concours de belote. Pratiquant moi-même le football en amateur, c'est une situation que je vis très directement.
Ensuite, quel doit être notre objectif pour 2024 ? Pour moi, la médaille d'or que nous devons gagner, c'est que les gamins de chez moi pratiquent le sport. J'étais à Abbeville, dans un quartier populaire, il n'y a pas longtemps, et que me raconte une maman ? Ses enfants veulent faire du foot, seulement il faut acheter les paires de crampons et les licences coûtent 60 euros. Comme elle n'en a pas les moyens, que va-t-elle leur faire faire ? Du ping-pong parce que, là, la licence est très peu coûteuse. Mon objectif est donc que l'argent ne soit pas un obstacle à la pratique sportive.
Je ne suis pas un spécialiste, je le répète, mais, en lisant le rapport de la mission d'information commune à laquelle il a été fait allusion, je constate que la Ligue professionnelle de football représente 793 millions d'euros, et la Fédération, 215 millions : le rapport est donc de 3,7 entre l'argent disponible pour le très faible nombre de sportifs professionnels et l'argent disponible pour la masse des pratiquants amateurs.
Je considère d'ailleurs que le sport professionnel ne devrait plus être pris en compte dans le budget des collectivités consacré aux sports mais qu'il devrait figurer dans leur budget communication. Le sport professionnel, c'est de l'image ; il s'agit de vendre l'image d'Amiens avec l'ASC, etc.
Vous aurez compris que, sur le plan technique, je ne suis pas terrible (Sourires) – si je reconnais les limites de la proposition de loi de M. Zumkeller, je reconnais aussi les miennes. Reste que je considère que son texte va dans le bon sens et, depuis le début de mon mandat, il y a eu si peu de propositions me paraissant aller dans le bon sens, que je ne vais pas faire la fine bouche (Rires), je m'accroche à ce qu'il y a, je le prends, je le soutiens de tout coeur.
Quant à utiliser l'argument selon lequel la proposition n'est applicable qu'à l'échelle européenne, c'est la meilleure manière de tuer l'Europe, de dégoûter de l'Europe. Non, non, non : si vous aimez vraiment l'Europe, si vous voulez la soutenir, si vous voulez qu'elle aille de l'avant, eh bien, vous devez dire : faisons en matière sportive, faisons en matière de fiscalité, de droit du travail, faisons et entraînons les autres derrière nous !