Intervention de Daniel Steinbach

Réunion du jeudi 20 juin 2019 à 14h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Daniel Steinbach, président de la fédération nationale Vent de colère :

La fédération nationale Vent en colère regroupe plusieurs centaines d'associations en France. Nous sommes plus particulièrement un réseau général d'informations, d'échanges et d'actions contre les décisions nationales, par le biais de recours. Nous disposons donc d'une vue assez bonne de la situation nationale.

Concernant l'acceptabilité des éoliennes, il suffit de se référer aux résultats des référendums locaux qui ont été organisés pour s'apercevoir que la quasi-totalité des communes sont défavorables aux éoliennes. Les deux derniers référendums se sont déroulés à Allenc en Lozère, le 2 juin 2019 – 137 votes défavorables, contre 38 pour, sur terrain privé, et 119 votes défavorables contre 58 pour, sur terrain communal –, et à Cesancey, dans le Jura, le 12 mai 2019 – 169 votes défavorables, contre 34 pour.

Malheureusement, l'opinion des populations n'est pas prise en compte, puisque, par exemple, à Fontaine-lès-Vervins, dans l'Aisne, le 21 mars 2017, les votes défavorables étaient de 268 voix contre, 25 pour ; or le préfet de l'Aisne vient d'accorder le permis de construire les éoliennes.

Les éoliennes sont donc rejetées en masse par les communes et, si l'opinion des populations était prise en compte, aucun projet ne verrait le jour.

Les éoliennes de 2000, c'étaient 0,75 mégawatt, 75 mètres de haut et 35 mètres d'envergure ; en 2008, c'étaient 2 mégawatts, 125 mètres de haut et 90 mètres d'envergure ; en 2019, ce sont 3 ou 4 mégawatts – parfois plus –, 180 à 240 mètres de haut et 120 à 150 mètres d'envergure. Les émissions sonores atteignent 105 décibels.

Les éoliennes sont isolées dans la campagne, aucun personnel permanent n'est sur place, elles sont télécommandées à distance – de Lille, Montpellier ou d'Allemagne –, les habitants ne savent rien ; un aspect inquiétant est de voir ces machines énormes tourner sans savoir d'où ni par qui elles sont commandées.

Les nuisances sont importantes, notamment sur la faune, or nous avons pu constater que vous ne recevrez pas d'association de protection de la nature, telle que la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Par ailleurs, 50 % des sites éoliens existants et des projets se situent en zone de forêt et nécessiteront une déforestation. La qualité de vie des riverains est atteinte. Dans toute une partie de la France, les citoyens ont l'habitude de vivre dehors 4 à 6 mois par an ; ceux qui auront une éolienne devant chez eux ne sortiront plus et leur vie en sera bouleversée.

Le paysage a été évoqué. Concernant le bruit, toutes les études sont menées sous la seule responsabilité de l'exploitant ; la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) ne peut intervenir. Je citerai l'exemple de Saint-Georges-les-Bains, près de Valence, où les éoliennes font un bruit épouvantable depuis un an et demi. Les riverains ont envoyé des courriers au préfet et à la DREAL, mais n'ont jamais reçu de réponse. Ils n'ont pour interlocuteur que la Compagnie nationale du Rhône (CNR) qui tergiverse, modifie en secret ses plans de bridage et refuse de communiquer les mesures initiales. Une femme âgée est décédée, or d'aucuns prétendent que le bruit incessant à proximité de chez elle n'y est pas pour rien.

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