Je développerai mon propos à partir du cas de la centrale éolienne du plateau de Sambrès – Aude – qui fonctionne depuis octobre 2016, après dix années de procédure. Ce parc est composé de 26 éoliennes de 135 mètres de hauteur en bout de pales – 52 mégawatts de puissance. Cette centrale est installée sur les sommets de la Montagne Noire et impacte les villages, hameaux et exploitations agricoles des alentours.
La direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) nous a récemment confirmé qu'il existait dans l'Aude, aujourd'hui, 268 éoliennes déjà raccordées, et 58 autorisées, en cours de construction. Le département de l'Occitanie est le plus densément occupé par l'industrie éolienne. La centrale du plateau de Sambrès est emblématique de la situation.
La charte de développement du parc éolien de la communauté de communes à laquelle nous appartenons est fondée sur la densification et le repowering, sachant que, en France, 1 600 éoliennes arrivent en fin de vie et vont donc devoir être remplacées – obsolescence ou fin de tarif d'achat garanti.
L'acceptabilité sociale repose sur la confiance. Confiance dans les institutions, bien sûr ; confiance dans la transparence et la motivation des décisions ; confiance sur la concertation effective des populations concernées et sur le déroulement d'un processus de contrôle démocratique. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Ces conditions sont réunies sur le papier, mais la réalité est tout à fait différente. Les enquêtes publiques arrivent trop tard, sont souvent désertées, tout comme les réunions des promoteurs, car le sentiment existe que tout est joué d'avance, même si le commissaire enquêteur donne un avis défavorable, comme cela a été le cas pour la centrale éolienne du Sambrès.
À cet égard, les déclarations du Président de la République sur le triplement de la production électrique d'origine éolienne dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et celle de la région Occitanie sur le quintuplement de cette même production renforcent l'impression que les jeux sont faits.
Cette acceptabilité sociale est à l'épreuve de l'expérience vécue au quotidien ; c'est ce dont je voudrais vous parler aujourd'hui.
Cette centrale a été construite en 2015-2016 sur la base d'une étude d'impact trompeuse de 2006, qui n'a pas été révisée au moment de la construction effective. Aujourd'hui, 11 des éoliennes de la centrale du Sambrès sont visibles depuis Cubserviès, où je réside, hameau inscrit au patrimoine, espace naturel sensible, avec sa cascade et ses escarpements rocheux classés , et destination touristique.
Contrairement à ce qu'affirme l'étude d'impact, la présence des éoliennes défigure considérablement le site et le paysage, jusque-là marqués par le Pic de Nore. Plus largement, le plateau du Sambrès est envahi d'éoliennes. Depuis la cité de Carcassonne, site emblématique, le flanc de la Montagne Noire est aujourd'hui marqué par cette présence, y compris la nuit, lorsque les guirlandes rouges clignotent, en contradiction avec le plan de gestion des paysages audois de 2005 et les recommandations de l'Unesco.
Vous constaterez, sur cette diapositive, que nous voyons bien les 11 éoliennes, de 235 mètres de hauteur, au-dessus des escarpements rocheux, alors qu'il est dit que l'enjeu paysager est fort et l'impact éolien faible.