Intervention de Yves Marignac

Réunion du mardi 9 juillet 2019 à 18h35
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Yves Marignac, porte-parole de l'association négaWatt :

. Cela va être un peu difficile, car nous venons d'entendre une présentation dans laquelle on nous a jeté à la figure un grand nombre de chiffres et raisonnements le plus souvent partiels.

Par exemple, on insistait vers la fin sur la nécessité de maintenir une puissance garantie, tandis qu'un peu plus tôt, on nous expliquait qu'il n'était pas très intéressant de travailler à la rénovation performante et complète des bâtiments. Nous pensons au contraire qu'agir pour la rénovation performante des bâtiments est utile non seulement du point de vue climatique, mais aussi pour le dimensionnement du système électrique, puisque 30 à 35 % de l'appel au réseau aujourd'hui en France viennent des pointes de chauffage électrique en hiver.

Nous pensons par ailleurs, et cela était absent des commentaires du représentant de Sauvons le climat, qu'il est important du point de vue de la justice sociale, de la lutte contre la précarité et d'une vision à long terme de ne pas évoluer vers des bâtiments aux performances énergétiques si différentes que cela deviendrait socialement problématique en termes de facture énergétique des ménages. C'est l'illustration d'un raisonnement à mon sens simpliste mais difficile à décrypter à cause de l'abondance de chiffres, ce que j'avais précisément choisi d'éviter. Je ne peux m'y engager individuellement au nom de l'association négaWatt, mais nous pourrions répondre par écrit à certains des arguments chiffrés avancés.

D'évidence, nous sommes tous d'accord pour considérer le bilan actuel comme décevant. L'action sur le système énergétique n'est pas suffisante. L'action sur les transports fait pratiquement défaut. Nous ne faisons pas partie de ceux qui se satisfont de la situation actuelle en disant : la France est exemplaire, elle a déjà un mix bien plus décarboné que les autres pays, etc. Comme je le disais en introduction, notre niveau d'émissions exige une action rapide.

Il a été relevé que l'octroi de subventions était très favorable aux énergies renouvelables électriques. C'est vrai, mais il ne faudrait pas en déduire que soutenir les énergies renouvelables électriques est inutile et que cette subvention est la manifestation de leur surcoût réel. Il convient de faire la part entre les coûts de ces énergies et le niveau des mécanismes de soutien dont elles bénéficient, et c'est l'un des objets de votre commission d'enquête. Nous savons tous ici que la politique de soutien par des tarifs d'achat très mal ajustés, via du stop and go qui n'a même pas permis de bénéficier du développement industriel des filières françaises correspondantes, a été catastrophique.

Parce que des engagements ont été pris, on continue de payer durablement et très chèrement ces tarifs d'achat et leur écart avec les prix de marché. Mais il ne faudrait surtout pas déduire de ce constat que les énergies renouvelables électriques sont chères, vont rester chères et que continuer à les soutenir est une mauvaise idée. Au contraire, elles atteignent aujourd'hui des niveaux qui, si l'on dimensionne correctement les mécanismes de soutien et si l'on veille à ne pas dérégler le marché, les rendront très performantes.

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