Intervention de Jean-Pierre Pervès

Réunion du mardi 9 juillet 2019 à 18h35
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Jean-Pierre Pervès, représentant de l'association Sauvons le climat :

. Tout d'abord, ma présentation était d'une tout autre nature, ce qui est normal puisque nous ne nous sommes pas concertés. L'association Sauvons le climat est préoccupée par le climat. Nous nous intéressons aux économies d'énergie et à d'autres sujets, mais le climat nous préoccupe et il semblerait que cela préoccupe aussi le Président de la République. Dans cette mesure, nous avons tenté de vous montrer aujourd'hui que l'important, ce sont les dix ou quinze prochaines années. Je ne suis pas en train de parler de 2050. Il y a une énorme différence entre faire de la programmation et faire de la prospective. La prospective est destinée à aider à faire de la R&D. Si celle-ci me montrait que, dans les dix ans qui viennent, l'énergie solaire deviendrait quasi gratuite, que nous aurions des moyens de stockage formidables et que nous n'aurions plus besoin de nucléaire, cela ne me gênerait absolument pas. Mais cette preuve est loin d'être faite. Que fait-on aujourd'hui en vue sauvegarder beaucoup CO2 dans les temps qui viennent ? C'est pourquoi ma présentation était très différente. J'aurais pu vous présenter notre scénario de développement du nucléaire, dans lequel on n'atteint jamais à 100 % de nucléaire, mais globalement, cela procède d'un raisonnement différent.

Par exemple, M. Marignac estime vertueux d'économiser l'électricité et d'en consommer moins. Moi, je dis que si un KWh d'électricité me permet de fournir trois ou quatre kilowattheures, dont deux ou trois renouvelables récupérées dans l'atmosphère, j'ai fait plus d'électricité mais j'ai globalement économisé de l'énergie, donc j'ai été vertueux. Une pompe à chaleur a un rendement de trois à quatre, ce qui signifie une réduction d'un facteur de trois ou quatre la consommation d'électricité.

Les bâtiments et les transports sont des domaines difficiles. Treize ans après le Grenelle de l'environnement, on constate une constance politique puisque, dans ces deux secteurs, on continue à consommer plus. Cela ne va franchement pas ! On ne tient pas le bon raisonnement. Faut-il continuer ainsi ? Je ne vois d'autre solution aujourd'hui que de remplacer rapidement du carboné par du non carboné. Le non carboné, ce sont des renouvelables thermiques et le nucléaire que nous avons aujourd'hui. C‘est pourquoi je ne suis pas du tout sur le même mode de présentation.

J'ai insisté sur la RT 2012 et j'insiste sur la RE 2020, car c'est vital. Je dis qu'on ne respecte pas les règles européennes. La performance énergétique d'un bâtiment, c'est l'énergie finale consommée et non l'énergie primaire avec le facteur 2,58. Mettez-vous à la place d'un propriétaire de logement électrique voisin d'une famille identique qui est chauffée au gaz, à qui l'on dit que la maison au gaz est performante et que la maison électrique ne l'est pas, alors qu'elle consomme exactement la même quantité d'énergie ! C'est incompréhensible. On trompe les citoyens. Quand on nous dit qu'on va imposer un malus à la vente pour des maisons mal classées et que les dix millions de logements chauffés à l'électricité vont être défavorisés, on est face à un vrai problème. Il va falloir modifier radicalement la RT 2012. Il y a une tricherie de la part du ministère du Développement durable et de l'ADEME à dire que l'énergie primaire, c'est la performance énergétique du bâtiment. Ce n'est pas du tout ce que dit l'Europe.

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