. C'est une problématique qui monte en France et en Europe. L'analyse par l'agence européenne de l'environnement de la trajectoire carbone des différents pays a souligné une tendance à retenir des actions de court terme qui compliquent l'atteinte de performances à long terme.
Les deux exemples classiques portent sur la rénovation. Il y a toujours l'idée qu'on pourrait faire de la rénovation performante par étapes, mais techniquement, économiquement et socialement, cela ne marche pas bien. Techniquement, parce que la cohérence des différents gestes est rendue plus compliquée, du point de vue de l'enveloppe, du changement de mode de chauffage et d'enjeux liés de ventilation. Économiquement, parce que, comme une grande partie des coûts concerne la mise en œuvre de chantier, le coût global de l'opération est entièrement désoptimisé. Socialement, parce que faire plusieurs fois des interventions sur le même bâtiment à l'échelle de vingt ou trente ans est pesant et rend les opérations moins souhaitables. Il y a une appétence à aller chercher les premières opérations en se disant que c'est toujours cela de gagner, mais à long terme, cela tue le gisement de la rénovation complète et performante du bâtiment.
Le second exemple, qui concerne une grande partie des pays européens, est le remplacement des centrales à charbon par des centrales à gaz. Cela permet des économies de CO2 parce que, de ce point de vue, le gaz est plus performant que le charbon, mais installe dans le paysage de nouveaux équipements qui y sont durablement et réduit la capacité à transformer plus profondément le système électrique à l'horizon 2050. Pour ne pas tuer le gisement, il faut adapter les actions d'aujourd'hui à une trajectoire de long terme atteignant les performances à long terme.