. Je me suis contenté de dire que ce n'était pas pour les dix ans qui viennent. Dans le pilotage du réseau français et européen, on confond les réserves et les stockages, qui n'ont pas du tout la même destination. Quand survient un incident, comme la disparation d'une centrale ou la chute d'une ligne, il faut, en quelques secondes, mobiliser de la puissance pour éviter l'effondrement de la fréquence et du réseau. Dix, quinze ou vingt secondes plus tard, on commence à voir apparaître des apports supplémentaires d'énergie parce qu'on a demandé à des centrales à charbon ou nucléaires fonctionnant à 2 % au-dessous de leur puissance de monter brutalement de 2 %, ce qui est parfaitement autorisé par l'autorité de sûreté. Puis, par appels d'offres, on met d'autres machines en route pour compenser celles qui sont tombées. C'est ce que l'on appelle la réserve. Aujourd'hui, les renouvelables peuvent contribuer à la réserve, mais très peu, uniquement pour la réserve primaire, en quelques secondes, avec des batteries. Les batteries peuvent apporter de la puissance mais pour très peu de temps ou à des prix insensés.
En revanche, s'agissant de stockage de l'électricité lorsqu'il y a pénurie de vent durant plusieurs semaines, comme cela s'est produit cette année, il est question de dizaines, voire de centaines de GWh et on entre dans des systèmes beaucoup plus grands. La totalité des barrages français ne représentent que 5 % de notre énergie. Les seules solutions possibles restent la méthanisation, l'hydrolyse ou les pompes à chaleur, mais les rendements actuels sont infimes. Les rendements éoliens et solaires doivent être affectés d'un facteur 3 ou 4. On doit prévoir 4 kWh pour avoir 1 kWh au bout. C'est très compliqué et très cher. Si on voulait faire ici ce qui a été fait en Australie du Sud, il en coûterait des centaines de milliards d'euros.