Intervention de Julien Aubert

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 9h05
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert, président :

Nous recevons Mme Laurence Raineau, maître de conférences au département de sociologie de l'Université Paris 1, centre d'études des techniques, des connaissances et des pratiques (CETCOPRA), et Mme Laure Dobigny, docteure en sociologie, collaboratrice de recherche au CETCOPRA.

Que nous apprend l'approche sociologique sur les choix des systèmes techniques, en particulier énergétiques, et sur leurs conséquences sociales, ou bien sur les présupposés sociopolitiques de tels choix ?

Que nous apprend un mix électrique dans lequel la production d'électricité est principalement d'origine nucléaire sur les mécanismes sociaux qui l'ont rendu possible ?

Ces mêmes mécanismes ne sont-ils pas à l'œuvre, aujourd'hui, dans le développement de l'éolien, malgré l'apparente opposition entre un mode de production concentré sur quelques sites et relié à un réseau centralisé et un mode de production diffus ou grand consommateur d'espace, mais lui aussi relié au même réseau ? Autrement, dit, est-ce que le phénomène Nimby (pour not in my backyard, soit pas dans mon arrière-cour) ne s'appliquerait pas, quelle que soit l'énergie et au-delà des argumentaires, qu'il s'agisse de déchets ou de pylônes ?

Cette centralisation peut-elle être le corollaire ou la conséquence de notre rapport collectif à l'égalité, même tempérée par l'existence des situations de vulnérabilité énergétique ?

Beaucoup de questions que nous nous posons. C'est pourquoi nous vous avons invitées, sur une idée originale de Mme la rapporteure, qui souhaitait auditionner des sociologues ou des gens s'intéressant à la sociologie des rapports avec le secteur de l'énergie.

Une des conséquences des nouveaux modes diffus de production d'énergies renouvelables (EnR) est de rendre visible à un plus grand nombre l'outil de production, alors que cet aspect restait masqué au plus grand nombre dans un système de production concentré sur un nombre plus restreint d'installations.

Mais cette différence n'est-elle pas à relativiser en s'attachant, par exemple, à l'opposition entre métropoles et territoires ? Après tout, les métropoles n'ont toujours vu ni centrales, nucléaires ou éoliennes, ni fils électriques, alors que les territoires et leurs habitants ont vécu à côté des centrales, du réseau de transport et, aujourd'hui, par conséquent, des éoliennes ? Il y aurait peut-être aussi des questions à se poser à ce sujet. Les décideurs ne voient pas l'impact négatif d'une stratégie énergétique élaborée depuis Paris. Ce qui était faisable dans les années 1960 est démultiplié quand c'est installé de manière diffuse avec des conséquences uniquement portées par les habitants des territoires qui, par ailleurs, sont critiques vis-à-vis de la place de l'État, de la disparition des services publics, de l'abandon des territoires ruraux, etc.

S'agissant d'une commission d'enquête, conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958, relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, je vous demande de prêter serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Veuillez lever la main droite et dire « Je le jure ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.