Intervention de Laure Dobigny

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 9h05
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Laure Dobigny, docteure en sociologie, collaboratrice de recherche au CETCOPRA :

. La différence essentielle est la dimension fédérale de l'Allemagne et de l'Autriche face à la réputation centralisatrice de la France. Le point évoqué au sujet du contrat social tient au fait qu'après avoir entretenu l'illusion, peut-être à dessein, qu'il n'y avait pas de problème d'énergie en France, que l'on pouvait produire de manière illimitée une énergie peu chère, on affirme tout à coup la nécessité de développer des énergies renouvelables : si le nucléaire ne pose aucun problème, pourquoi doit-on le faire brutalement ? On tient aux citoyens deux discours contradictoires.

Je ne pense pas que les Français soient extrêmement attachés au nucléaire, hormis dans la classe politique. Le rayonnement de la France au travers du nucléaire est moins incarné dans les représentations de la population que dans celles des politiques, qui peinent à sortir de la production énergétique nucléaire en raison d'un attachement non partagé par toutes les catégories sociales et par tous les corps de métiers.

Dès lors, une fierté peut se développer au sujet des énergies renouvelables, en tant qu'initiatives locales et appropriables. Les habitants qui créent des coopératives locales d'énergies renouvelables en sont très fiers. Cette appropriation peut donc tout à fait se reporter sur un autre objet, à condition qu'il y ait un intérêt bien compris des habitants à le faire et qu'il ne s'agisse pas d'une production abstraite envoyée sur le réseau. Un réseau chaotique affecté de nombreuses coupures inciterait à des développements locaux, mais comme il fonctionne plutôt bien, il y a incompatibilité entre le discours des acteurs et le vécu des citoyens.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.