. C'est dans les représentations que réside notre différence fondamentale avec des pays comme l'Allemagne ou l'Autriche. Le citoyen français n'a pas la représentation qu'il doive être acteur localement, en particulier des questions d'énergie, puisqu'on l'en a dépossédé pendant des années. Environ 80 % des Français sont hostiles à la construction de nouvelles centrales nucléaires mais on continue d'en prévoir. Pendant une cinquantaine d'années, on n'a pas écouté les citoyens. À la différence des citoyens allemands ou autrichiens, ils ne se sentent ni légitimes ni directement concernés par le dossier. C'est pour moi le principal frein.
Bien entendu, certains citoyens voient que cela passe par une appropriation locale mais, comme vous le signaliez, l'énergie est toujours l'enjeu d'autre chose. Sous couvert de se réapproprier l'énergie, on se réapproprie non seulement le réchauffement climatique, mais aussi les enjeux locaux. C'est la même logique que celle de la remunicipalisation des réseaux d'eau. On ne se réapproprie pas l'énergie pour elle-même, mais une certaine autonomie de choix de ce qui peut advenir localement. Cela émerge un peu plus tard en France que chez nos voisins européens, mais cela émerge aussi. Le grand frein, c'est l'absence d'image du citoyen comme acteur, mais cela pourrait tout à fait être inversé.