Intervention de Julien Aubert

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 9h05
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert, président :

. Je ne veux pas défendre les gouvernements, mais je les trouve assez clairs depuis dix ans. Le gouvernement peut décider de telle action, mais on n'est plus dans les années 1960 et les gens ont besoin d'être convaincus sur le fond.

Je vous rejoins sur l'idée que hormis ceux travaillant dans les bassins, les Français ne sont pas particulièrement fiers du nucléaire, mais ils sont pragmatiques. Ils se disent que le nucléaire est peut-être dangereux, mais il produit de l'électricité peu chère et il convient de réfléchir avant de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Les tenants de la transition énergétique, qui met l'accent sur la dénucléarisation, ont du mal à faire passer le message de la défense de la planète. Entre une petite minorité très pro-nucléaire, constituée des gens qui travaillent dans les bassins, et une petite minorité très antinucléaire qui l'a toujours été pour des raisons idéologiques, on trouve une grande masse de gens sans opinion très déterminée mais qui ont plutôt digéré le nucléaire, un peu comme l'église au milieu du village. Si vous modifiez leur vie sur le terrain, la donne change. Sur le principe, ils ne sont pas hostiles, mais s'ils doivent avoir un parc éolien face à leur maison, ils revoient la hiérarchie des priorités. Faute d'avoir eu un débat très clair et d'avoir fait trancher, la poussée politique se heurte à l'inertie ou à la mauvaise volonté d'une partie de la population qui n'est pas entièrement convaincue.

À cela s'ajoute une part d'égoïsme. Tout le monde est d'accord pour défendre l'intérêt général de la planète, comme tout le monde est d'accord pour le recyclage des déchets ménagers et chacun refuse d'aller les porter à 400 mètres. Ce qui m'a étonné dans vos propos, c'est l'égoïsme. Les gens auraient besoin qu'on leur rende l'énergie qu'ils voient produire pour l'accepter. On est très loin d'un effort pour la planète. Mettrait-on de côté l'aspect dénucléarisation qu'on se heurterait au fait que les gens veulent bien décarboner, à condition que cela leur rapporte. Il est compliqué de concilier le gain collectif et le gain individuel.

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