Intervention de Yves Daniel

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 15h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Daniel :

Monsieur le président, je vous remercie de me permettre de participer à cette audition car je suis de près ce qui se passe sur le parc éolien des Quatre Seigneurs, situé dans ma circonscription. Il n'y a pas que ce parc dans ma circonscription qui fait l'objet de demandes de la part de riverains et plus particulièrement d'exploitants agricoles. Nous savons que les animaux sont cinq fois plus électrosensibles que les humains et que les normes européennes ou nationales en vigueur prennent davantage en compte l'humain que l'animal. On a besoin, me semble-t-il, de faire des recherches sur les animaux.

En tant que député de cette circonscription, je suis de plus en plus sollicité dans la mesure où cette affaire se médiatise. Il faut que l'ensemble des acteurs, les scientifiques et les professionnels, prennent au sérieux ce qui se passe. Comme l'a dit tout à l'heure la représentante de l'ANSES, il n'y a pas de preuve scientifique, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de causalité définie entre le parc et ce qui se passe. Il me semble que la science n'est pas suffisamment avancée pour prendre en compte toutes les questions relatives aux ultrasons, aux ondes électromagnétiques, aux champs telluriques et à l'électrostatique.

Si je me suis intéressé plus particulièrement à ce dossier, c'est parce que dans ma propre exploitation nous avons été concernés, il y a quarante ans environ, par les effets des ondes électromagnétiques – que l'on appelait à l'époque de l'électricité statique dans le sol – sur les animaux. Après avoir travaillé avec les vétérinaires et l'école vétérinaire, on n'avait pas d'explication scientifique. Du coup, on a fait appel à un radiesthésiste qui nous a aidés à comprendre ce qu'il se passait dans le sol. En fait, il y a des failles provoquées par la roche et l'eau, ce qui produit naturellement dans le sol des champs électromagnétiques. Ce n'est pas une science, mais quelque chose de connu par les radiesthésistes, par les sourciers auxquels on s'adressait autrefois pour qu'ils détectent la présence d'eau dans le sol. On est face aujourd'hui à cette difficulté de non-réponse scientifique, mais c'est une réalité qui est liée à ce phénomène.

Dès lors que l'on installe un parc éolien avec plusieurs éoliennes, il arrive qu'une ou deux éoliennes soient posées sur une faille. Le courant électromagnétique véhiculé par l'eau en particulier vient porter préjudice à la santé des animaux ou des humains. On a vécu l'expérience dans une commune de mon département où un parc éolien a été construit. Une association a travaillé avec les géobiologues et la municipalité pour demander que deux éoliennes soient déplacées. Ces éoliennes ont donc été déplacées avant la construction du parc, le permis de construire ayant été modifié. Cela montre bien qu'il faut être très attentif au positionnement des éoliennes.

Ce n'est pas la géologie qui permet de définir l'emplacement des éoliennes, mais la géobiologie. Or aujourd'hui, comme la géobiologie n'est pas une science, elle n'est pas reconnue. Je me suis battu, lors de la précédente législature, au travers d'amendements, pour faire reconnaître la géobiologie. Je pense qu'il y a une vraie faille – sans faire de jeu de mots – dans notre système législatif. Lorsque nous construisons des parcs éoliens, il faudrait pouvoir demander l'avis des géobiologues ou de groupes de géobiologues pour décider du positionnement définitif des éoliennes. S'agissant du parc des Quatre Seigneurs, les géobiologues sont capables de dire quelle éolienne pose problème et quelle éolienne il faudrait déplacer, bien que cette discipline ne soit pas scientifique. Cela ne veut pas dire qu'il faut déplacer tout un parc, mais peut-être déplacer ou supprimer des éoliennes. Finalement, on voit bien toute la difficulté de l'exercice.

J'ai travaillé avec le ministère de l'environnement et les services de l'État du département de Loire-Atlantique. Il y a une vraie prise de conscience de l'ANSES, de l'ARS, de la profession agricole, de tous les acteurs, y compris des constructeurs et exploitants d'éoliennes, sauf que la loi ne nous permet pas d'imposer l'avis des géobiologues pour éviter ce genre d'erreur.

C'est une vraie question de principe de précaution et de santé publique qui se pose à nous aujourd'hui. Dans le cadre du financement global et de l'économie financière des éoliennes en France, voire en Europe, je pense qu'on devrait intégrer la prise en compte des nuisances et des préjudices causés.

Monsieur Potiron, vous avez dit tout à l'heure que vous aviez estimé le préjudice sur une année. Quand il s'agit d'élevage, certains éléments sont bien évidemment chiffrables, mais d'autres ne le sont pas : c'est le cas de la santé humaine notamment. Il nous appartient donc de faire évoluer la législation pour éviter de remettre en cause le développement de l'éolien, et de manière générale des énergies renouvelables. Les énergies renouvelables ont des impacts positifs mais également parfois des impacts négatifs qu'il faut prendre en compte.

Telles sont, monsieur le président, madame la rapporteure, les précisions importantes que je souhaitais vous apporter modestement.

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