Intervention de Nicolas Wolff

Réunion du mardi 23 juillet 2019 à 17h10
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Nicolas Wolff, vice-président et directeur général Europe de Boralex :

Sur la base de cette philosophie, nous souhaitons bien entendu participer activement à la transition énergétique, et nous nous plaisons à penser que c'est le cas. Boralex aimerait incarner l'une des visions d'un nouveau monde plus décentralisé, doté d'un mix énergétique plus diversifié. Je pense que nous devons d'abord nous montrer ambitieux dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) en cours de discussion, une PPE que nous soutenons et qui, nous l'espérons, sera votée à l'automne 2019.

Nous pensons également que, pour que nous puissions aller plus vite et plus loin, il faut absolument qu'il y ait une plus grande stabilité dans la réglementation. Comme vous le savez, de nombreuses modifications sont intervenues au cours de ces dernières années, et nous sommes aujourd'hui confrontés à de grandes difficultés pour mettre en place les technologies les plus récentes, qui nous permettraient de disposer de parcs très compétitifs, comportant moins de machines et produisant de l'électricité à un coût inférieur à celui d'aujourd'hui. Du fait de la lourdeur de la réglementation, il est extrêmement difficile pour nous de progresser dans ce sens, ce que je déplore, car une telle évolution se ferait au bénéfice du consommateur et de l'État français.

Je note également que nous sommes aujourd'hui obligés d'obtenir une multitude d'autorisations pour mener à bien un projet. Si nous ne sommes pas opposés par principe à ces procédures, car un projet doit être réalisé dans le respect des collectivités locales et avec le souci de préserver les paysages, le niveau de complexité de la réglementation aboutit souvent à des blocages et à des délais de développement extrêmement longs – ils sont parfois du double de ceux s'appliquant dans d'autres pays, ce qui a également une incidence en termes de coûts.

Pour ce qui est du solaire, ce secteur est désormais compétitif, comme l'ont démontré les prix des derniers appels d'offres. Cela dit, on constate sur le terrain les mêmes difficultés de mise en œuvre que pour l'éolien, et nous devons donc continuer à travailler avec l'administration pour essayer de remédier à ces blocages.

Par ailleurs, nous aimerions tester des solutions hybrides associant éolien et solaire. Nous avons commencé à le faire sur le parc d'Avignonet-Lauragais, en ajoutant des installations solaires à un parc éolien. Les deux technologies sont en effet très complémentaires du fait de leurs courbes de puissance respectives. Typiquement, l'éolien produit davantage en début et en fin de journée, alors que c'est l'inverse pour le solaire, qui présente un pic de production vers douze heures trente : le fait de mixer ces deux sources d'énergie crée donc une base intéressante pour baisser le coût de l'énergie et augmenter la compétitivité d'une installation.

Vous avez mentionné notre projet de stockage, consistant en une batterie lithium-ion de 2 MW, qui nous permet aujourd'hui de fournir un service à l'opérateur de réseaux : nous n'avons pas le droit de revendre l'énergie de cette batterie, mais nous pouvons l'utiliser pour stabiliser le réseau. Nous pensons que le prix des batteries va baisser de manière très importante – tous les rapports le démontrent – à l'horizon 2023-2025, et nous estimons qu'à cette échéance, nous serons capables de monter des projets commercialement viables intégrant éolien, solaire et batteries, ce qui nous permettra de proposer une solution plus sophistiquée que celle consistant uniquement en la vente d'électrons.

Fort de sa philosophie et de son expérience, le groupe Boralex nous semble prêt à relever les enjeux du nouveau monde, un monde plus compétitif, celui des appels d'offres et du marché. Nous souhaitons entrer dans ce nouveau monde et nous nous y préparons. Ainsi, nous avons récemment participé à des appels d'offres et nous avons été sur le podium lors des deux dernières étapes de ces appels d'offres, ce qui montre notre capacité à être compétitifs en utilisant les bonnes technologies. Pour cela, nous avons besoin de visibilité, et à cet égard nous pensons que les appels d'offres constituent un outil de développement vertueux. J'en veux pour preuve le fait que le prix moyen diminue d'appel d'offres en appel d'offres. Lors du dernier en date, en avril 2019, nous avons sécurisé 68 MW au prix moyen de 63 euros du MWh – alors que le tarif de l'éolien était de 80 euros il n'y a encore pas si longtemps. La durée offerte par les appels d'offres est également très appréciable : nous disposons de vingt années, ce qui nous permet d'investir sur des parcs alors que les prix de vente diminuent.

Le fait d'être un opérateur intégré nous a permis de mettre en place des stratégies de maintenance qui nous sont propres et d'optimiser ainsi nos coûts de maintenance, toujours dans la perspective de ce monde nouveau où les prix seront toujours plus compétitifs.

Enfin, ces appels d'offres sont aujourd'hui complétés par une nouvelle forme de commercialisation, les contrats de gré à gré (en anglais corporate power purchase agreements, PPA), qui commencent tout juste à se développer en France mais constitueront certainement une voie de commercialisation intéressante, qui nous permettra de conclure des projets de parcs en direct avec des consommateurs, des industries, pour vendre notre production en complément de ce que nous faisons dans le cadre des appels d'offres.

En conclusion, je veux souligner que Boralex est prête aujourd'hui à soutenir la transition énergétique voulue par notre pays, en assurant la croissance de ses sites de production, en continuant d'investir en France – un territoire important pour nous –, en assurant un coût de l'énergie compétitif, en créant évidemment de la valeur pour les territoires – notamment avec la création d'emplois –, et enfin en contribuant à l'autonomie énergétique de notre pays.

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