Intervention de Jorge Vasconcelos

Réunion du jeudi 25 juillet 2019 à 14h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Jorge Vasconcelos :

. Le problème ne tient pas aux renouvelables mais au manque de gouvernance associé aux coûts. Nous ne les voyons pas, mais nous payons les coûts liés à l'inefficacité du fonctionnement du marché, au manque de capacité d'interconnexion et à une bonne gouvernance du marché intérieur. Depuis le début de la libéralisation, cela nous coûte des milliards.

Une des idées du projet européen de libéralisation visait à faciliter la gestion économique des ressources entre les différents pays. Lorsqu'un pays pratique des coûts plus bas, d'autres pays importent. Nous avons tous intérêt à cliver un marché intégré. Il serait logique de développer des infrastructures de transport au niveau interne et des interconnexions. Les prix pratiqués par les différentes régions européennes diffèrent sensiblement. Il existe donc une incitation économique à faire des transactions, mais si ces transactions ne se produisent pas, c'est que se posent des problèmes, soit de type réglementaire, soit de gestion de cette infrastructure physique. C'est par ce biais qu'il convient de traiter la question, non en affirmant que l'on ne peut plus développer des sources d'énergie renouvelables parce que l'on ne sait pas gérer le système. Il faut d'abord comprendre les besoins de gouvernance du marché ; on décidera ensuite des technologies que nous souhaitons retenir et des quantités qu'elles produiront, tout en restant prudents. Je cite souvent aux étudiants et à l'occasion de conférences l'exemple de l'interconnexion sous-marine entre la France et l'Angleterre. Un câble a été construit dans les années 80. Pour schématiser, on a organisé une réunion politique, les deux gouvernements ont décidé de faire cette interconnexion parce qu'ils pensaient que c'était important sur le plan politique et sur le plan économique. La décision a été prise et a ensuite été communiquée aux deux monopolistes : Central Electricity Generating Board en Angleterre, EDF en France.

Les entreprises ont organisé des groupes de travail pour envisager la réalisation du projet. L'une des premières questions qui se pose habituellement est celle du partage des coûts et des bénéfices pour les trente années à venir. Cette histoire, véridique, m'a été racontée par des amis, tant britanniques que français. Pour déterminer les bénéfices, ils sont partis du principe que les flux d'énergie circuleraient à 50 % dans un sens comme dans l'autre.

Le câble a été construit. Vingt ans après la mise en service de ce câble, on constate que 98 % du temps les flux circulent de la France vers d'Angleterre ; 2 % du temps de l'Angleterre vers la France. S'agissait-il d'une mauvaise décision ? Non, c'était une excellente décision parce que le câble a été effectivement très utilisé, certes d'une façon différente de celle qui était prévue, mais il a rencontré une utilité économique.

Le réseau européen est aujourd'hui interconnecté. On ne va pas couper les lignes pour revenir à un réseau national, ce serait irrationnel. Il nous faut donc utiliser ce réseau interconnecté de façon intelligente pour arriver à un vrai partage des bénéfices, tenant compte du potentiel de développement des ressources renouvelables dans les différents pays – un débat qui n'est pas engagé aujourd'hui.

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