Vous souhaitez qu'on élargisse les attributions du Haut Conseil des finances publiques. Surtout pas ! En Europe, les organismes indépendants ont déjà bien trop de pouvoir par rapport aux élus, à commencer par la Banque centrale européenne ou, notamment en matière de politique de la concurrence, les commissaires européens – dont vous avez été. Je ne suis pas pressé qu'un organisme indépendant dispose de pouvoirs accrus pour évaluer les politiques budgétaires décidées par les gouvernements !
Vous dites que l'avis que vous rendez ne porte que sur les prévisions économiques et non sur le contenu du projet de loi de finances, mais je vous signale que la Cour des comptes, à laquelle le Haut Conseil est rattaché, a indiqué le 30 juin qu'il faudrait faire rapidement des économies en réduisant la dépense publique. C'est un choix. La Cour estimant à 250 milliards d'euros le coût de la crise du covid-19 d'ici à la fin 2020, on pourrait tout aussi bien s'interroger sur les 135 milliards d'euros de pertes de recettes fiscales. Or est prévue une baisse de 10 milliards d'euros des impôts sur la production, ce qui est une autre manière de creuser le déficit. Personnellement, je préférerais une réforme fiscale plutôt qu'une baisse des dépenses publiques.
Vous vous interrogez sur la soutenabilité d'une dette atteignant 2 415 milliards d'euros. Même les économistes les plus libéraux affirment qu'en réalité, la dette liée à la crise du covid-19, on ne la paiera pas. Vous semblez dire l'inverse. Comment pensez-vous pouvoir la rembourser – d'autant que, comme vous le dites, les taux d'intérêt risquent d'être relevés ? Si c'était la Banque centrale européenne qui rachetait leur dette aux États, et non les marchés, il y aurait moins de risque que les taux intérêt augmentent !