Intervention de François Ruffin

Réunion du mercredi 21 octobre 2020 à 21h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Deux lignes, page 52 du projet annuel de performances, au sujet de la Cour de justice de la République, dans la rubrique « Les autres dépenses de fonctionnement », ont attiré mon attention : « La gardienne qui assure également l'entretien des locaux envisage un départ à la retraite à la fin de l'année 2021. Dans l'hypothèse où elle quitterait son poste de façon anticipée, il faudra budgéter l'entretien des locaux et les faire réaliser par une entreprise privée. » Ce serait donc la norme que de considérer qu'un métier qui était exercé sur place pendant des décennies par une personne payée normalement, à plein-temps, sans doute au SMIC, et qui en vivait, sera sous-traité et vraisemblablement mal traité, comme cela se passe dans les hôpitaux, les universités, les ministères et ici-même. On peut imaginer que la gardienne sera remplacée par une femme de ménage qui viendra de la troisième couronne de la banlieue parisienne, prendra le train à 4 heures du matin, puis le métro, et ainsi de suite. Elle sera payée pour quelques heures, comme c'est le cas ici.

Cela ne devrait pas être la norme ! Philippe Jouanny, président de la Fédération des entreprises de propreté et des services associés, me disait que l'achat public représente 25 % du chiffre d'affaires des entreprises de propreté. Le plus important est que l'acheteur public montre l'exemple, car on sait que, derrière, l'acheteur privé a tendance à adopter la même démarche. On pourrait souhaiter que la Cour de justice de la République montre cet exemple. Vous avez invoqué, monsieur le rapporteur, notre devoir d'exemplarité, alors qu'ici même, la moquette, le micro, la table sont nettoyés par des femmes qui viennent tôt le matin pour trois fois 10 euros et qui repartent sitôt la tâche accomplie. Regardons la poutre que nous avons dans notre œil ! En faisant le tour des commissions, j'espère, d'ici à la fin de mon mandat, réussir à changer cela. J'espère qu'on finira par considérer qu'il est immoral que la moquette, la table, le micro soient nettoyés par des femmes payées en dessous du SMIC.

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