Après les émouvants discours d'hier en hommage à Samuel Paty et, à travers lui, à tout le corps enseignant, je ne souhaite pas ajouter du bruit à la fureur des propos nauséabonds et diffamatoires de politiciens qui passaient encore ce matin sur les ondes et sur les plateaux de télévision. L'école de la République m'a appris autre chose que ces amalgames et des slogans : elle m'a appris à aiguiser mon sens critique, de sorte que je ne peux passer sous silence le fameux « Pas de vague », qui ne plaît plus à M. Blanquer, ni les incohérences entre ce budget et les propos du Premier ministre, mardi dernier, affirmant avoir choyé et choyer encore les enseignants.
Voyons comment ils seront à nouveau choyés cette année. Certes, le budget de l'enseignement scolaire augmente de 2,58 % pour atteindre 75,9 milliards d'euros, mais les choix opérés, outre les effets de communication, sont incohérents. Comment expliquer que l'on compte 23 000 élèves de plus dans le second degré et que 1 800 emplois disparaissent ?
Comment expliquer + 394 % pour les enseignants pré-élémentaires alors que seuls les élèves des grandes sections des REP sont concernés ? Quid des autres ?
Voici les conséquences d'un tel choix : des heures supplémentaires pour les professeurs du secondaire à hauteur de 2 500 postes, ce qui est ingérable, sans compter le bac à la carte, qui l'est également ; des élèves en REP et REP+ privés des compétences des enseignants de RASED mais éduqués aux neurosciences ; des élèves hors REP privés eux aussi des RASED, en diminution constante.
La réponse du ministre aux difficultés scolaires coûte cher à l'école et aux enseignants, sans être pour autant probante.
Il en est de même dans le domaine de l'inclusion scolaire : beaucoup de com', peu d'actes. Je connais la chanson… Nous viendrions de loin… Mais je connais aussi les cadeaux que ce Gouvernement a fait aux riches, ce qui me fait douter de l'authenticité de son ambition en la matière.
La réalité, ce sont toujours des AESH en nombre insuffisant et aux salaires indécents, dont les postes sont donc difficiles à pourvoir, des AESH que l'on mutualise dans les très controversés Pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL) au détriment de ce dont les jeunes ont besoin.
Que dire également de la revalorisation tant vantée de la rémunération des enseignants ? Une blague ! Comment ne pas mentionner l'augmentation continue du nombre de contractuels jetables, l'absence récurrente de réponses à propos de la médecine scolaire en pleine pandémie, le vide intersidéral de mesures pour une rentrée pourtant pas comme les autres, n'en déplaise au ministre ?
In fine ce sont les écoles privées qui, dans notre République laïque, sont chouchoutées, leurs crédits augmentant de 1,69 %.
La communauté éducative se sentira comblée avec un tel budget, j'en suis certaine, et c'est pourquoi le groupe La France insoumise ne votera pas les crédits de cette mission.