Quand je vais à la Caisse d'épargne de mon quartier, je demande au directeur où je pourrais placer mes sous : quelque chose qui pourrait participer à l'économie de ma ville en restant écolo ou au moins pas trop crado. Il n'a rien à me proposer si ce n'est des produits financiers – c'est comme ça que ça s'appelle. Mais dedans, il y a du CAC40… J'ai déjà une action chez LVMH, ça me suffit !
On me dit qu'il faut passer par la NEF, c'est-à-dire le crédit coopératif. C'est bien, mais comme plein de gens, je suis attaché à mon quartier, à mon agence juste à côté de l'école de mes enfants – c'est pratique pour déposer un chèque ou demander un relevé d'identité bancaire. Je pense qu'un des objectifs de l'État pourrait être d'avoir, à côté du livret A, un livret E – E comme écolo, comme environnement –, et disponible dans toutes les banques et pas seulement à la NEF.
J'observe que le programme 145 Épargne s'assigne deux objectifs : favoriser l'investissement dans le logement en préservant l'équilibre financier du fonds d'épargne, et encourager le développement de l'épargne individuelle à long terme afin de contribuer au financement de l'économie, mais un peu à l'aveugle, sans chercher à cibler sur le choc écologique.
On sait que durant le confinement 100 milliards d'économies sont allés grossir le bas de laine des Français – en tout cas, pour les deux tiers, celui des plus riches : les plus pauvres, eux, se sont endettés pendant ce temps-là. Mais même chez les plus riches, il y a une conscience : ils peuvent avoir envie de participer, au moins par leur épargne, sinon par leur consommation, à la transformation écologique de notre monde. Il serait de notre responsabilité de proposer ce type d'orientation pour l'épargne.
Roosevelt avait lancé les war bonds, c'est-à-dire les bons de guerre ; il serait temps qu'on lance les bons de guerre climatique, pour faire participer notre épargne à cette transformation.