Je pose la question du rôle de l'État actionnaire. Ainsi, Verallia, ancienne filiale « verre » de Saint-Gobain, a fait remonter 559 millions d'euros de profits aux îles Caïmans par le biais d'un montage financier organisé par son nouvel actionnaire majoritaire, le fonds d'investissement Apollo. Cela aussi devrait vous poser un problème moral, monsieur Mattei !
Quelle est la responsabilité de l'État actionnaire dans l'affaire du rapprochement entre Suez et Veolia ? L'État a choisi d'être impuissant, de ne pas intervenir, de laisser faire. Et ce choix s'ajoute à toute une série d'autres, qui ont notamment conduit Engie à la dérive financière. L'État a-t-il protesté quand Suez verse 30 milliards d'euros de dividendes en dix ans à ses actionnaires ? C'est nettement plus que ses bénéfices. Autrement dit, on s'endette pour verser des dividendes…
Engie ferme toutes ses agences et délocalise ses centres d'appels vers le Portugal et le Maroc ? L'État n'intervient pas.
Les actionnaires virent la seule PDG du CAC40 qui avait un vrai projet industriel dans une perspective écologique ? L'État laisse faire.
Engie veut se débarrasser d'Endel et de ses 6 000 salariés alors que cette industrie devrait être un outil de transition écologique ? L'État reste silencieux.
Je souhaite clairement que l'État devienne actionnaire dans les secteurs stratégiques, mais pour jouer son rôle d'actionnaire et peser dans l'orientation de l'entreprise, pas simplement pour ramasser la mise !