La mission Travail et emploi revêt une importance toute particulière, du fait du contexte sanitaire et de son cortège d'incertitudes.
Je ne prendrai qu'un seul indicateur, celui du taux de chômage : malgré la contorsion des chiffres, il devrait, d'après l'INSEE, bondir à près de 9,7 % d'ici à la fin de l'année, et le directeur du département Conjoncture n'exclut pas qu'il puisse atteindre 10 %. Sinistre présage d'un chômage de masse, qui frappera en particulier les plus jeunes et les plus précaires de nos concitoyens.
Certes, la hausse des crédits de cette mission n'est pas négligeable, mais elle permet à peine d'atténuer les effets délétères d'une crise qui, de sanitaire, devient chaque jour un peu plus économique et sociale. Alors que le recours massif au télétravail bouleverse nos habitudes et nos relations de travail, il est aberrant de voir que si peu de moyens sont consacrés à renforcer l'Inspection du travail. La généralisation du comité social et économique (CSE) dès le mois de janvier 2021 risque encore d'amoindrir la capacité de surveillance et de protection des salariés, en dépouillant nos entreprises d'un organe dédié au traitement des conditions sanitaires, alors que cette pandémie risque de frapper, non seulement durement, mais aussi durablement notre tissu économique.
Certes, des efforts ont été faits, et nous nous en réjouissons, pour augmenter le nombre d'emplois aidés – près de 230 000, si l'on prend en compte les mesures du plan de relance. Certes, après des années de coupes – pardon, de modernisation ! –, le rôle de Pôle emploi va enfin être renforcé. Mais vous ne prenez pas la mesure de la vague sociale qui nous submerge d'ores et déjà.
Vous multipliez les contrats aidés, notamment à destination des plus jeunes, et vous renforcez les crédits alloués à la formation, avec une hausse du budget du PIC. Ces décisions vont dans le bon sens mais, selon la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), les contrats aidés sont presque aussi efficaces que la formation pour favoriser l'insertion des jeunes sur le marché de l'emploi. Or ce budget penche beaucoup plus du côté de la formation que des contrats aidés.