C'est effectivement, madame Louwagie, un amendement que vous nous présentez régulièrement, et depuis longtemps, et il faut reconnaître qu'il est d'actualité.
Toutefois, deux questions de fond me posent vraiment un problème.
La première chose qui me dérange, c'est que lorsqu'on ajoute des taxes intermédiaires sur les plateformes, c'est toujours le consommateur qui paie, à la fin. Il faut avoir conscience que votre amendement impliquera une augmentation du prix pour le consommateur, car les entreprises de e-commerce ne vont pas réduire leurs marges.
Deuxièmement, je trouve un peu anachronique, même si je sais que ce n'est pas dans l'air du temps de dire cela, de pénaliser la vente en ligne alors même qu'on encourage les entreprises, notamment les PME, à la développer. On consacre 100 millions d'euros à la numérisation des entreprises, précisément parce qu'il est démontré que le e-commerce est un vrai vecteur de croissance d'activité pour les commerçants et les entreprises. Dans ce contexte, introduire une taxe sur le commerce électronique ne me semble pas être un bon signal.
Je comprends bien que votre amendement vise surtout à taxer les très grands du e ‑ commerce, mais je suis persuadé que le commerce de demain sera à la fois physique et électronique. Il ne me semble donc pas souhaitable de surtaxer le commerce électronique : je crois que c'est une mauvaise idée.
Par ailleurs, je souligne que le e-commerce, en France, est beaucoup le fait d'entreprises françaises. On parle toujours d'Amazon, mais cette entreprise représente seulement 20 % du e-commerce français. De nombreuses entreprises françaises y recourent déjà et il faut que leurs parts de marché augmentent, notamment celles des PME et des entreprises de taille intermédiaire (ETI).
Votre amendement ne me semble pas aller dans le sens de ce que nous voulons promouvoir. Il faut, au contraire, encourager les entreprises à se numériser et à gagner des parts de marché sur le e-commerce, plutôt que de subir le poids d'Amazon. Je rappelle enfin que la France est l'un des pays où la part de marché d'Amazon en e-commerce est la plus faible. C'est la preuve que nous avons de belles entreprises françaises qui savent utiliser ce mode de vente.
Pour toutes ces raisons, j'émettrai un avis défavorable de fond sur votre amendement : je pense que c'est un mauvais signal, une mauvaise idée et, à la fin, c'est toujours le consommateur qui paie.