Il n'existe qu'une seule façon de tuer le capitalisme : des impôts, des impôts, toujours plus d'impôts. Cette ancienne doxa marxiste trouve aujourd'hui son prolongement dans cette proposition de loi qui vise à faire payer les profiteurs de la crise, un autre biais idéologique bien connu étant le présupposé du profit suspect, résumé dans cette célèbre phrase d'Arlette Laguiller, qui a bercé les campagnes présidentielles de ma jeunesse : « La lecture, une bonne façon de s'enrichir sans voler personne ». C'est une façon romantique d'assimiler tout profit à du vol.
Les mots-clés de ce texte parlent d'eux-mêmes : « multinationales », « capitalisme », « inégalités », « lobbies », « néolibéralisme », « mondialisation », « paradis fiscaux et judiciaires », « inquisition ». Les ennemis démasqués sont nommés : le « gang des profiteurs », ces entités rapaces qui cherchent à se repaître des victimes de la crise économique qui enfle, des profiteurs de mort.
Si le capitalisme doit être encadré et corrigé, si les fraudeurs doivent être condamnés, l'idée libérale reste cependant d'une puissante modernité. Notre groupe considère que l'alliance de la liberté d'entreprise, de la propriété intellectuelle et de la mondialisation est vecteur de progrès. C'est ce qui nous a permis de mettre à disposition des États en un an ces prodiges technologiques que sont les vaccins à ARN messager. Doctolib, Zoom, ne sont pas des profiteurs mais des entreprises qui ont montré leur utilité sociale. Qu'elles gagnent de l'argent pour investir et grandir est légitime. Pour ce qui est de l'entreprise européenne Doctolib, c'est même une nécessité absolue, dans notre intérêt.
C'est vrai, il existe des profiteurs de profiteurs mais, Raymond Devos avait raison, du moment qu'on rit des choses, elles ne sont plus dangereuses. Nous voterons donc contre cette proposition de loi anticapitaliste.