Messieurs les ministres, la pilule que vous nous présentez est amère ! Votre programme n'a rien de réjouissant pour la grande majorité des Français, qui vont devoir payer l'addition. La cure d'austérité commencera dès 2022 avec une baisse des dépenses publiques de 3,3 %, qui se poursuivra de manière constante jusqu'en 2027 au moins afin de réduire la part des dépenses publiques de 60 % à 53 % du PIB. Qui plus est, cette baisse survient après la crise du covid-19, au cours de laquelle la France est le pays développé qui aura le moins augmenté ses dépenses publiques.
Et tout cela pourquoi ? Parce que vous avez décrété qu'il fallait réduire la dette publique au plus vite sans toucher aux impôts et surtout pas à ceux des plus riches. Vous ne pourrez pas tenir longtemps ce bouclier : il vous brûlera les mains ! Vous semblez n'avoir rien appris de la crise de 2008, durant laquelle l'idéologie ordo-libérale a poussé tous les gouvernements européens à réduire les dépenses, plongeant l'économie européenne dans le marasme. Vous voulez même aller plus loin en instaurant une règle d'or dans la Constitution. Alors que le président Biden tente un plan de relance inédit pour stimuler l'économie et que le FMI prône la taxation des plus riches et des plus grosses entreprises, vous réduisez les dépenses publiques et baissez les impôts de production et ceux sur les sociétés. Vous procédez en cette fin de mandat à un dur retour aux sources – mais vous êtes, comme l'écrit Le Monde, à contretemps. Comme les injonctions du Président de la République à nous réinventer semblent lointaines !
En sus des réformes de l'assurance chômage et des retraites, dans quelles dépenses allez-vous couper pour tenir les promesses que vous avez faites à la Commission européenne ? Dans celles de la santé ?