À quelque chose, malheur est bon. Sans la crise économique, conséquence de la crise sanitaire, le plan de relance n'aurait jamais vu le jour et le budget consacré aux transports et aux mobilités n'aurait pas augmenté dans de telles proportions. Si ce signal est positif, votre politique en matière de mobilités est trop orientée vers l'électrique – vélos électriques, deux-roues électriques, voitures électriques –, alors que d'autres solutions existent et que des carburants durables sont à l'étude. Il est possible de concilier les choix de mobilité de chacun si les conditions d'une réelle transition écologique de la mobilité sont réunies. Je rappelle que le choix du Gouvernement, fin 2018, d'augmenter les taxes sur les carburants a été à l'origine d'un mouvement social sans précédent. De fait, s'il existe d'autres moyens de transport que la voiture en milieu urbain, ils sont quasiment inexistants en zone rurale, malgré les aides combinées de l'État et des collectivités territoriales pour l'achat de véhicules propres.
Certes, ces véhicules ne rejettent pas de dioxyde de carbone, mais leur fabrication est loin d'être vertueuse pour la planète. Pour fabriquer une batterie, il faut des métaux lourds et rares. Acheminées de l'autre bout du monde au prix d'un bilan carbone désastreux, elles doivent être fréquemment rechargées. Leur poids à lui seul limite leur sobriété énergétique : quand on sait qu'un des facteurs d'émission en milieu urbain est le freinage, on comprend que les véhicules les plus lourds sont les plus nuisibles à l'environnement.
Comment entendez-vous concilier fin du nucléaire et développement des mobilités électriques ? Lors des périodes hivernales, les Français devront-ils choisir entre recharger leur voiture et chauffer leur logement ? Souhaitez-vous que la France achète à ses partenaires européens une électricité produite par des centrales à charbon ? D'autres solutions existent pourtant, comme le moteur à hydrogène, les biocarburants ou le gaz naturel vert. C'est ainsi que le 15 juin, un avion léger en provenance d'Allemagne, utilisant un carburant à 97 % d'origine végétale – avec pour matière première principale la betterave –, atterrira à l'aéroport de Reims-Champagne, une première mondiale due au pôle de compétitivité auquel participe Agro Industrie Recherche Développement (ARD), à Pomacle. D'évidence, en matière de mobilités, le mix énergétique doit être développé.